La ligne brisée, ou d'une écriture "extravagante": Le Prince, chap. IX
Abstract
This reading of chapter IX of The Prince revisits the notion of the 'civil prince' by taking its cue from the one and only definition offered by Machiavelli : the prince is 'civil' when he ascends to power on account of the citizens 'favor'. However, contrary to what its title enunciates, chapter IX is less concerned with civil princes and more concerned with 'new' princes in general, whose power ought to derive from the people (rather than from the great ones). The interpretative difficulties are reduced if one considers that syntactic ruptures structure the manner in which Machiavelli sets forth his own thought and mark what Guicciardini called his 'extravagance'.
Cet article propose une lecture du chapitre IX du Prince qui limite la notion de 'principe civile' à la seule et unique définition que Machiavel en offre : le prince est 'civil' dès lors que ce qui le conduit au pouvoir est la 'faveur' des citoyens. Cela conduit à reconnaître que l'essentiel du contenu du chapitre ne porte pas, contrairement à ce qu'annonce son titre, sur les princes civils, mais sur les princes nouveaux dans leur ensemble : ceux-ci doivent fonder leur pouvoir sur le peuple (et non sur les Grands), et ce pouvoir doit être suffisamment ferme pour que son 'ordre' institutionnel ne soit pas modifié dans l'adversité. Les difficultés interprétatives du chapitre se réduisent considérablement si l'on accepte de voir que les ruptures de construction structurent la façon dont Machiavel expose sa pensée : celles-ci émaillent non seulement sa langue, mais elles conditionnent aussi son discours et relèvent, en définitive, de ce que Guicciardini nommait son 'extravagance'.