Les aménagements routiers artisanaux : un paradoxe de l'incivisme au Burkina Faso
Résumé
Dans les villes du Burkina Faso, les interventions en matière de sécurité routière se matérialisent par des aménagements routiers et une signalisation visant la diminution de la vitesse de déplacement, mais aussi la présence policière dans le but de contrôler le respect des règles. Mais ces investissements sont le privilège des axes bitumés qui représentent souvent moins d'un quart de la voirie urbaine. Les voies non aménagées font depuis quelques années l'objet d'une intervention citoyenne. Elle reste cependant illégale. Afin de comprendre l'importance du phénomène et sa perception par la population, la méthodologie s'appuie sur une géolocalisation de l'ensemble des aménagements routiers artisanaux dans des secteurs sélectionnés des villes de Koudougou et Ouagadougou. Selon les résultats, ralentisseurs en terre et ronds-points en pneus usagés forment les investissements exécutés par les riverains des voies d'intervention. Ils sont réalisés dans un but de sécurisation visant la réduction de la vitesse de circulation et du nombre d'accidents touchant les enfants. Malgré l'interdiction par les autorités, le non-respect des normes de construction et les nombreuses accusations de détérioration des véhicules par les usagers de la route, 78,6 % des habitants résidant à proximité des axes d'interventions se déclarent favorables à ces interventions. L'incivisme en circulation est considéré comme un véritable fléau auquel les aménagements routiers artisanaux semblent apporter une réponse partielle.