Teghja di Linu II (Haute-Corse, France) : nouvelles données sur la technologie et l’économie des obsidiennes au IIIe millénaire av. N.E.
Résumé
La caractérisation des obsidiennes et des sources via l’analyse des éléments traces permet de mieux appréhender la mobilité des hommes, des produits et/ou des savoir-faire durant le Néolithique. En Corse, ces analyses se font de plus en plus systématiques et complètes au sein des sites archéologiques.
La démarche techno-économique suivie ici repose sur le croisement systématique des informations concernant les lithotypes et celle qui concernent les différents modes de débitage et de façonnage. Cette méthodologie permet de formuler de nouvelles hypothèses sur l’organisation sociale, les systèmes d’échanges, et la structuration des relations interculturelles à différentes échelles. Malheureusement, il existe encore qu’un nombre limité de sites corses suffisamment documentés aussi bien en termes de provenance que de typo-technologie pour la période Néolithique, en particulier pour le Néolithique Final (IIIe millénaire av. N.-E.).
C’est cette approche que nous avons appliquée sur les obsidiennes du site de Teghja di Linu II (commune de Calenzana, Haute-Corse). Ce gisement est caractérisé par plusieurs occupations néolithiques, datées du IIIe millénaire, auxquelles est associée une quarantaine d’artefacts en obsidienne. Dans le but de compléter nos connaissances sur les modalités d’acquisition de ce matériau en Corse préhistorique, nous avons procédé, au sein du laboratoire IRAMAT-CRP2A (Pessac, France), à une analyse de caractérisation géochimique non destructive par EDXRF. Cette technique a permis d’identifier les provenances pour 80 % des pièces en obsidienne. Les résultats obtenus jusqu’ici ont révélé qu’elles provenaient du massif volcanique sarde du Monte Arci, à l’exception d’une pièce qui sous réserve de confirmation serait issue du gisement de Lipari. Cette composition singulière, semblable au site voisin et contemporain d’A Fuata, entraine des questionnements, et de nouvelles pistes de recherches sur les structures culturelles et socio-économiques en Corse ou plus globalement en Méditerranée occidentale au cours du IIIe millénaire.