Les paradoxes d’un contexte autoritaire fermé
Résumé
Je tente ici d'expliquer la relative absence d'interférence des services de renseignements syriens, réputés redoutables, dans les recherches de terrain que j'ai menées en Syrie dans les années 2000. Je fais l’hypothèse que lesdits services disposaient d’une visibilité relativement limitée sur les réseaux religieux qui m’intéressaient en raison de leur caractère métropolitain (ils étaient basés à Damas et Alep) et privilégié d’un point de vue socio-économique. C’est donc paradoxalement la proximité des milieux étudiés avec les centres du pouvoir politique et économique qui rend le chercheur moins exposé au contrôle policier que ses confrères opérant dans des régions périphériques ou des milieux sociaux défavorisés. J’invite, sur cette base, à déconstruire le mythe d’un système sécuritaire syrien dont le contrôle serait à la fois permanent, omniscient et omnipotent.