“Dans la nuit, mais sur les limites du jour” : les mondes de Balzac
Résumé
On examine l'idée balzacienne de pluralité des mondes, dans son double sens métaphysique (la synthèse romantique de l'idée et de la matière exposée dans le Livre mystique) et social (la pluralité des mondes sociaux des Etudes de moeurs).
Chez Balzac, la pluralité des mondes est identifiée à de l’unité de l’univers : les mondes sont pluriels dans la mesure où la réalité est une totalité qui embrasse et réconcilie les opposés. "Les" mondes servent donc à affirmer l’unité "du" monde, arrière-plan métaphysique nécessaire à la poétique balzacienne.
Mais fatalement la multiplicité résiste à l’unité. Sur le plan théorique, le système s’émiette en « débris de la pensée ». Sur le plan narratif, les pèlerins de l'Un sont des « proscrits », exilés dans la finitude. Loin de célébrer l'unité des mondes, Balzac met en scène des limites infranchissables et le triomphe du fini sur l’infini, et du discontinu sur le continu. C’est que Balzac rencontre une difficulté à la fois littéraire (l’articulation de la Comédie humaine) et socio-politique (la division de la société française qui en complique la représentation). Le problème de l’unification des mondes reflète en effet le problème de l’unification de La Comédie humaine elle-même, et le problème de l’unité de la société post-révolutionnaire qu’elle représente.
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