Etude pilote de la voix craquée chez des locuteurs anglophones et francophones en lecture dans une situation d’interaction
Résumé
Attestée en anglais, la prévalence de la voix craquée, aux fonctions linguistiques, paralinguistiques et extralinguistiques connues, est plus rare en français. Lors de lectures en tandem linguistique entre 9 paires d’étudiant.e.s anglophones et francophones, les occurrences de voix craquée sont 1) plus fréquentes chez les anglophones en français et anglais ; 2) plus nombreuses en anglais qu’en français chez les francophones avec une importante variabilité inter-sujets ; 3) plus courtes en français qu’en anglais chez les anglophones. La voix craquée peut porter sur un segment, la fin des mots prosodiques et des groupes intonatifs. En français se produisent également des glottalisations aux hiatus, surtout chez les anglophones.
Sera également présentée une seconde étude pilote comparant les occurrences de voix craquée de femmes bilingues à celle de femmes dysphoniques en lecture et parole spontanée. 28 bilingues non dysphoniques, 10 bilingues dysphoniques, 15 monolingues dysphoniques et 20 monolingues non dysphoniques possèdent plus d’occurrences de voix craquée en spontané. Les dysphoniques font davantage de voix craquée en début d’unité inter-pausale que les non-dysphoniques ; les bilingues ont des occurrences plus fréquentes et plus longues que les monolingues en français, plus fréquentes et plus longues en anglais qu’en français, mais moins fréquentes en espagnol. Il existe donc des caractéristiques de la voix craquée propres à la pathologie, au bilinguisme, au statut linguistique et à la langue.