Saint-Paulien, Ruessium, Les Aurouzes
Résumé
Le chantier de fouille programmée ouvert en 2014 a Saint-Paulien répond au souhait de la municipalité de mettre en valeur le patrimoine archéologique de son territoire. Saint-Paulien, ancien chef-lieu de cité du peuple vellave (Ruessium), dispose d'un musée municipal, mais aucun vestige archéologique n'est visible. Cette fouille permet d'approfondir les connaissances tout en ouvrant l'accès aux vestiges, pendant la durée du chantier estival. Cette recherche entre également dans le cadre d'une thèse en cours (Nectoux E. « Les capitales vellaves, topographie urbaine, territoire et paysages », sous la direction de F. Trément, U. B. P., Clermont-Ferrand). Saint-Paulien / Ruessium est une « capitale éphémère », dont l'urbanisme se façonne à partir du début du Ier siècle de notre ère, sur un substrat gaulois. La ville est déchue de son rang à la fin de l'antiquité, au profit du Puy-en-Velay. La date de ce transfert et les raisons sont difficiles à cerner, faute de données archéologiques suffisantes. Le site des Aurouzes doit permettre d'apporter des éléments de réflexions sur ce sujet : à quelle période l'essor de Ruessium est-il suffisamment fort pour engendrer son extension vers le nord ? A l'inverse, à quelle période la ville connaît-elle un déclin économique ? Le quartier des Aurouzes a fait l'objet d'une prospection géophysique en 2010, qui a confirmé l'extension de la ville au nord, montré l'emplacement de deux cardines, ainsi que des plans partiels de bâtiments enfouis. Un îlot complet de la ville est conservé dans cette parcelle agricole, offrant un potentiel de recherche intéressant. La fenêtre de fouille, de 160 m², a livré les vestiges d'une habitation en bordure de rue, en bon état de conservation. La rue présente deux états principaux : le premier état correspond à une chaussée relativement étroite reposant sur le substrat grani-tique. Dans le courant du second siècle, la rue est élargie vers l'ouest. Un caniveau est installé en son centre, et un petit fossé la borde à l'ouest. La bande de roulement fait alors 8 m de largeur. Son emplacement dans la ville et son prolongement dans la campagne environnante laisse supposer ici le passage de la voie dite « Bolène », artère économique du Velay au Haut-Empire. La maison dispose en bordure de rue d'une pièce au sol de pouzzolane, qui a livré un stylet et un pied de coffret. Un état antérieur montre un décor peint bûché, qui reste à étudier en 2015. La première pièce arrière est une pièce de stockage, ou un escalier d'accès à l'étage, séparé par une cloison doublée en bois. Derrière cette cloison-à l'est-se développe une pièce dont le sol est en béton de tuileau, probable pièce à vivre ou de réception, décorée d'enduits peints blanc avec des filets rouges (sur la cloison). La pièce voisine-vers l'est-présente un imposant foyer central, invitant à voir ici des activités domestiques ou artisanales donnant sur une cour qui a livré un vestige de probable bas-fourneau. Cet espace est clos à l'est par un mur conservé sur quatre assises d'élévation. Derrière ce mur, se trouve un aménagement de tuiles en réemploi évoquant une cheminée, installée dans un espace qui n'a pas été étudié car situé en limite de fouille. Les maçonneries de la façade sur rue sont manifestement en pierre. Les murs des pièces arrières (vers l'est) sont des solins en pierre moins larges supportant des élévations en matériaux périssables. Les niveaux d'occupation fouillés en 2014 appartiennent majoritairement à une occupation de la fin du IIe siècle, et du IIIe siècle. Quelques indices d'occupations antérieures ont été mis en évidence, ils seront fouillés en 2015.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)