« Coupables lectures : un prologue de l'Historia de Preliis (J3) »
Résumé
Le Moyen-Âge a récupéré et réinvesti nombre de modèles antiques, en art comme en littérature . La transmission de ces ouvrages pré-chrétiens ne s’est pas faite sans heurt auprès du public chrétien. On connaît la stratégie médiévale de « moralisation » qui consiste à surimposer une lecture chrétienne aux textes antiques ; tout lecteur moderne a un jour été déconcerté par la facilité désarmante des auteurs médiévaux à jongler les paradoxes les plus échevelés et à aplanir des antagonismes inconciliables pour nos esprits cartésiens. C’est ce que l’on ressent à la lecture de l’Ovide Moralisé. Une telle réappropriation n’était pourtant pas toujours évidente, et nombreux sont les auteurs qui se sentaient contraints de justifier la nécessité de lire les ouvrages païens. Nous en verrons un exemple dans le prologue à la vie romancée d’Alexandre en latin, l’Historia de Preliis J3. Le prologue, probablement allographe, laisse transparaître les difficultés rencontrées par les chrétiens qui s’intéressent aux textes antiques, et notamment à un texte qui, comme la vie romancée d’Alexandre, n’a pas l’assise historique d’un ouvrage de Tite-Live ou d’Orose. L’auteur du prologue a une façon pour le moins originale de prouver la nécessité et l’utilité de cette lecture.
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