Etude de l'impact du manganèse sur l'absorption minérale du manioc (Manihot esculenta Crantz) dans les sols manganifères au Gabon et de ses potentielles conséquences environnementales et sanitaires
Résumé
La ville de Moanda au sud-est du Gabon renferme l’un des plus grands gisements mondiaux de manganèse (Fig. 1). Dans cette localité, les fortes concentrations en manganèse (Mn) dans le sol, peuvent avoir des effets négatifs sur l’absorption des éléments nutritifs chez certaines plantes. En particulier, le manioc (Manihot esculenta Crantz) (Fig. 2), largement cultivé et consommé au Gabon (Mombo et al., 2016) présente de très fortes concentrations en Mn dans ses différents organes (feuilles, tiges et tubercules). Ces très fortes concentrations en Mn absorbé par le manioc dans les zones manganifères sont susceptibles d’engendrer des troubles cryptogamiques (Eba et al., 2007), mais aussi in fine des problèmes sanitaires dus à la large consommation de cet aliment. La présente étude a été réalisée pour éclairer les mécanismes de la phyto-toxicité du Mn absorbé : phyto-toxicité directe du Mn ou déséquilibre entre les éléments ?La nutrition minérale générale de cette plante a été étudiée sur 4 zones manganifères, proches de la mine à ciel ouvert d’extraction du manganèse : (La Gare, Leyima, l’Alliance, l’Oasis) à Moanda (Fig. 1), en comparaison à un site témoin situé à Franceville zone non manganifère (Fig. 1). Les résultats ont révélé que les fortes concentrations en Mn perturbaient de manière significative l’absorption de 2 autres éléments minéraux majeurs essentiel à la physiologie du manioc : le potassium (K+) et le calcium (Ca2+). Les plantes de manioc ont en effet présenté des concentrations très élevées en K+ et au contraire de très faibles concentrations de Ca2+ dans les zones manganifères, en comparaison aux plantes témoins (zones non manganifère). Les affections cryptogamiques observées sur ces plantes à Moanda paraissent donc liées aussi bien à la toxicité manganifère qu’aux perturbations occasionnées sur l’absorption minérale des ions K+ et Ca2+. Par la suite, nos travaux visent à trouver des solutions pour réduire l’impact du Mn, en testant : (i) des apports de matières organiques au sol ; (ii) en réalisant des associations culturales ; (iii) en réalisant également des évaluations des potentiels risques sanitaires liés à l’ingestion de manioc enrichi en Mn.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)