Les liens hypertextuels ou Abondance de liens ne nuit pas
Résumé
La définition de l’hypertexte est simple. On désigne par là un système documentaire doté de liens qui permettent de naviguer d’une information à l’autre. Il n’y a rien là qui soit très nouveau. Depuis toujours, le cerveau humain s’attache à fixer des repères dans le flux des connaissances qu’il acquiert ou des expériences qu’il traverse. Tout cela constitue une forêt de symboles, de rappels, d’échos, un maquis inextricable de lianes et de liens. Et tout l’appareillage que les traditions documentaires ont construit constitue un vaste nœud gordien où s’entrecroisent les notes, les renvois, les commentaires, les index, les bibliographies, les glossaires, les concordances, les dictionnaires, les encyclopédies. Dès qu’on note une référence ou un rapprochement, dès qu’on remplit une fiche, qu’on insère un signet ou qu’on maintient le doigt entre deux pages, on participe à la démarche hypertextuelle. À l’enregistrement linéaire et horizontal de la lecture, la conscience superpose en effet la grille verticale de la mémoire.
Les fils de liaison sont plus nombreux encore dans la mémoire de l’ordinateur, où l’on ne trouve guère que des adresses, des pointeurs, et mille rebonds où le signal s’agite comme la boule dans l’urne du loto. Nul moyen que l’information échappe à ces synapses tentaculaires. Pendant longtemps, la mémoire centrale étant limitée en capacité, on s’est ingénié à ne jamais y dédoubler les grains d’information et à multiplier par contre les voies ou liaisons d’accès, l’idéal implicite étant celui d’une grande bibliothèque dont tous les livres seraient en exemplaire unique, tous étant pareillement accessibles. Les bases de données relationnelles, les réseaux et jusqu’à Internet sont fondés sur cet impératif économique qui proscrit les doublons et le gaspillage de l’espace et spécule sur la rapidité – parfois illusoire – des transmissions.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)