Le dictionnaire de Hugo a-t-il un bonnet rouge ?
Résumé
« Ni talons rouges, ni bonnets rouges », recommande Hugo dans la Préface d’Hernani. Tout en clamant haut et fort le principe du « libéralisme en littérature » et tout en se félicitant « qu’à une littérature de cour succède une littérature de peuple », il n’en maintient pas moins la nécessité de l’ordre : « Dans les lettres, comme dans la société, point d’étiquette, point d’anarchie : des lois. »
Vingt-cinq ans plus tard, dans Réponse à un acte d’accusation, le Hugo de l’exil abandonne ces prudences et brandit l’étendard révolutionnaire :"J’ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire."
Il n’est pas difficile d’expliquer cette surenchère. Hugo vient de traverser la Révolution de 1848 et il a visité successivement l’endroit et l’envers des barricades. Devenu républicain, il tient à montrer que ses convictions n’ont pas tellement varié depuis 1830 et que son combat d’alors pour la liberté de l’art était aussi une lutte pour l’affranchissement de la pensée, puisque délivrer le mot, c’est délivrer la pensée.
Notre propos n’est pas de suivre Hugo dans les implications politiques de son plaidoyer mais d’examiner, à travers les exagérations plaisantes, la part réelle de Hugo, sinon dans le renouveau des formes littéraires, du moins dans la libération et l’enrichissement du vocabulaire.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)