“Parle-moi de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse”. Les implications idéologiques d’un impératif de proximité. L’exemple du 13 heures de TF1
Résumé
La « proximité » est présentée comme une exigence fondamentale pour les entreprises médiatiques qui s’efforcent de conquérir et de fidéliser une large audience. Or aucun journal télévisé français n’a autant exacerbé cet impératif que celui proposé par TF1 à la mi-journée. Cet article vise à analyser le contenu de ce journal en termes de hiérarchies et de cadrages de l’information, de procédés narratifs et de postures rhétoriques. À travers ces dimensions révélatrices des logiques de production et des représentations des attentes des téléspectateurs, il conviendra de déceler les imaginaires sociaux charriés quotidiennement par ce journal. L’étude s’organise autour de deux points qui révèlent l’ambivalence de ce JT D’un côté, on constate l’effacement des formes “traditionnelles”, c’est-à-dire institutionnelles et nationales, de politisation au profit de la mise en scène du local, du concret, du connu, du quotidien. Mais cet apolitisme apparent se conjugue avec l’affirmation permanente de partis pris relayant les préoccupations supposées des publics, explicitant les rôles légitimes de l’État, légitimant les politiques à entreprendre. Cette ambivalence met en exergue deux façons de satisfaire l’exigence de proximité et ainsi de répondre au souci de fidélisation d’une audience large et hétérogène : tandis que le présentateur énonce des thématiques nationales susceptibles de concerner une importante partie du public, les reportages les exemplifient en médiatisant le témoignage de Français ordinaires, en rapportant leurs joies et leurs peines, en favorisant l’empathie et l’implication des spectateurs.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)