Les principes distributifs des mesures d'insertion des jeunes à l'épreuve du longitudinal
Résumé
La sélection des bénéficiaires des mesures d’action sociale relève d’un problème éthique qui fait l’objet d’une intense activité cognitive et normative de la part d’acteurs publics outillés par l’expertise. Or, l’examen historique des principes distributifs mobilisés dans les politiques d’insertion des jeunes donne à voir la reformulation des référentiels de l’action publique dans un cadre longitudinal ainsi que ses effets sur les présupposés éthiques des politiques. Le principe de discrimination positive consistant à redistribuer les chances d’insertion en faveur des jeunes les moins formés a été énoncé au sein d’une représentation instantanéiste de l’insertion des jeunes. Il perd de sa validité avec l’institutionnalisation des trajectoires. L’éthique de l’accompagnement du parcours qui devient dominante dans les années 1990 perd de vue les inégalités entre groupes de niveau de formation au profit d’une démarche d’organisation de carrières ascendantes permises par les mesures d’action sociale disponibles.