Le portail sud de la cathédrale de Bordeaux
Résumé
The article thoroughly studies the architectural frame and the statuary of the doorway's arches in the southern transept. After a few introductory remarks about its topographical situation in the Middle Ages and its preservation, the architectural analysis enables us to bring out the formal specificities of the doorway and to identify the models from which are borrowed the main characteristics of its organization (namely the cathedrals of Paris, Rouen and Tours). The part about the statuary first examines the iconography of the sculpted set. Concerning the statuary, the article first examines the parts which disappeared in 1793 but the mysterious bas-reliefs could not be dealt with here. The sculptures, of an unknown style for the area, owes a lot to the one used in the Paris basin and in Upper Normandy at the beginning of the 14th century. These similarities to the statuary in the north of France suggest that the doorway was built in the second decade of the 14th century, thus when the huge financial means given directly or indirectly by Pope Clement V enabled the builders to conceive and achieve projects that were particularly ambitious and following "the latest Paris fashion". Though it is not as artistically fulfilled as the Porte des Flèches and despite the losses it underwent, the southern doorway of the Bordeaux Cathedral is certainly a major monument of French sculpture around 1300.
L'article étudie de manière approfondie le cadre architectural et la statuaire des voussures du portail du bras sud du transept de la cathédrale de Bordeaux. Après quelques remarques introductives concernant sa situation topographique au Moyen Age et son état de conservation, l'analyse architecturale détaillée permet à la fois de dégager les spécificités formelles du portail et d'identifier les modèles - en l'occurrence les cathédrales de Paris, de Rouen et de Tours - auxquels il emprunte les principales caractéristiques de son agencement. La partie consacrée à la statuaire examine d'abord l'iconographie de l'ensemble sculpté ; si elle tient compte des parties disparues en 1793, les énigmatiques bas-reliefs n'ont pu être traités ici. Le traitement stylistique des sculptures, sans antécédents locaux ou régionaux, se révèle être tributaire de celui en usage dans le bassin parisien et en Haute-Normandie au début du XIVe siècle. Ce sont en particulier ces rapprochements avec la statuaire du nord de la France qui suggèrent l'exécution du portail dans la seconde décade du XIVe siècle - à un moment donc où les moyens financiers considérables alloués de manière directe et indirecte par le pape Clément V autorisent les bâtisseurs de Saint-André à concevoir et à réaliser des projets particulièrement ambitieux " à la dernière mode parisienne ". S'il n'atteint pas le niveau artistique de tout premier plan de la porte des Flèches, et en dépit des pertes qu'il a subies, le portail sud de la cathédrale bordelaise constitue, à n'en pas douter, un monument majeur de la sculpture française vers 1300.