L’établissement rural de l’Antiquité tardive du Champ-Drillon à Bezannes (51)
Résumé
La fouille du site du « Champ Drillon » est intervenue en amont de la construction d’une rue et d’un
golf dans le cadre de l’aménagement d’une Z.A.C. sur la commune de Bezannes (51). Les diagnostics
et fouilles menés sur l’ensemble de la Z.A.C. ont montré la présence d’un grand nombre de sites archéo-
logiques essentiellement des périodes protohistoriques et gallo-romaines. Le site du « Champ Drillon »
entre dans cette dernière catégorie puisqu’il a livré des vestiges datant de trois périodes différentes : le
Haut Empire, l’Antiquité tardive et le Moyen Age.
L’occupation du Haut Empire a été datée de la fin du Ier s. et du tout début du IIe s. ap. J.-C., les
vestiges découverts montrent un site à vocation agricole. Une cave et des greniers ont été mis au jour,
ils sont groupés à l’ouest du site. La partie orientale du site est occupée par des enclos délimités par
des palissades, cette zone semble dévolue à l’élevage. Il s’agit ici d’une séparation claire entre la partie
stockage et la partie élevage.
La partie habitat n’a pas été identifiée avec certitude, un bâtiment présent sur le site pourrait être
le bâtiment résidentiel mais son plan est sujet à caution. En revanche, un bâtiment découvert lors d’une
fouille à environ 400 m plus à l’ouest (site E, Achard Corrompt 2010) ne laisse aucune doute sur sa
fonction résidentielle. Il est daté de la même période que les structures du « Champ Drillon », il pourrait
s’agir de l’habitat en lien avec nos structures agricoles.
L’occupation de l’Antiquité tardive est la plus importante, elle s’étend de la seconde moitié du IIIme s.
au début du Ve s. ap. J.-C. L’occupation prend la forme d’une exploitation rurale à vocation agricole. Quatre
phases d’occupation ont pu être différenciées : une première phase d’implantation lors de la seconde
moitié du IIIe s. ap. J.-C., une phase de réaménagements et de constructions à la fin du IIIème s. et au début
du IVe s. ap. J.-C., une phase d’abandon lors de la seconde moitié du IVe s. ap. J.-C. et une dernière phase
de réoccupation sporadique au début du Ve s. ap. J.-C.
Suivant le schéma classique pour la période gallo-romaine, le site est partagé entre une partie
habitat et une partie agricole. L’emplacement des ces deux parties changent suivant les phases. Lors de
l’installation, l’équivalent de la pars urbana qui se compose d’un bâtiment d’habitat et d’une cour palissa-
dée s’installe à l’ouest du site et semble servir de limite à l’extension de l’occupation dans ce secteur. La
partie agricole et artisanale est installée à l’intérieur d’un enclos fossoyé dans la partie orientale du site.
Elle se compose d’une cave et d’annexes agricoles.
Lors de la réorganisation de l’établissement, la partie habitat se déplace au sud du site, tandis que
la partie occidentale où se situait l’habitat devient une zone à vocation agricole et artisanale. Les caves
et celliers sont comblés comme souvent sur les sites de tradition romaine du nord de la Gaule à cette
période.
Lors de son abandon, on observe une récupération des matériaux de construction des bâtiments
ainsi que l’installation de carrière de craie. Le site continue donc d’être fréquenté, il existe même une occu-
pation sporadique sous la forme de deux bâtiments mais ce n’est plus un établissement agricole d’ampleur
conséquente comme lors de son installation.
Quant à la période médiévale, elle est représentée sur le site par un unique fait, un puits situé au
centre du site. En l’absence de vestiges d’habitat ou d’artisanat pour cette période sur le site, il semble
que ce puits ait une fonction agricole peut être en lien avec l’élevage. Le site se trouve à environ 1 km du
village de Bezannes où sont situés les principaux vestiges médiévaux connus sur la commune.