The trials of exile and solidarity of proximity : Ethnography of the reception of exiles in the Roya Valley (2017-2020)
Epreuves de l'exil et solidarités de proximité : Ethnographie de l'accueil des exilés dans la vallée de la Roya (2017-2020)
Résumé
In the end of 2015, the re-establishment of border control between France and Italy leads a lot of exiles, mainly from Eritrea and Sudan, to walk the paths of the Roya Valley to enter French territory. Alongside the mountain roads, local residents come across completely disoriented and exhausted exiled people. Some residents spontaneously offer to help them by inviting them to rest in their houses for a while. These deeds are closely watched by the authorities, the Roya Valley having become a hotspot in the fight against immigration. Facing a reprehensive migration policy, a movement of solidarity is expressed locally in favor of welcoming exiles. From 2017 onwards, the situation is subject to widespread media coverage because of prosecution against local citizens, suspected of facilitating migrants' entry and illegal residence.This sociological research starts with a volunteer experience in a makeshift refugee camp at Cédric Herrou's, who is a farmer and leading light of the mobilisation. With this experience as a foundation, I offer here an ethnography of places of refuge and solidarity relationships that spread throughout the territory. I focus on the trials of exile while crossing the border, as well as on the different forms that local solidarity can take, on an emblematic territory regarding the contemporary migration issue. The investigation, conducted for four years among local militant groups, intends to refresh the subject of hospitality according to territorial specificities.I study the phenomenon as a public issue, describing the processes of emergence and support of exiled people's reception. This sociological investigation focuses more precisely on the tensions regarding clandestinity and illegality whenever a related issue is publicly exposed. In the midst of a heated European context and in view of "solidarity crime" court cases being on the rise, this thesis updates the topic of civic engagement regarding the political link with exiled people. It then leads to questioning the concept of "community", based on the practical difficulties that arise when receiving exiles. This research, meant to have a practical and civic purpose, is mainly the prolongation of an act of commitment and promotes another possible version of the reception of migrants.
Fin 2015, le rétablissement des contrôles aux frontières entre la France et l’Italie amène un grand nombre de personnes en exil, principalement originaires d’Erythrée et du Soudan, à emprunter les sentiers de la vallée de la Roya pour entrer sur le territoire français. Sur le bord des routes montagneuses, des riverains croisent des exilés complètement désorientés et épuisés. Spontanément, certains riverains leur portent assistance en les invitant à venir se reposer quelques temps chez eux. Ces actes sont surveillés de près par les autorités dans un contexte où la vallée de la Roya est devenue un point névralgique de la lutte contre l’immigration. Face à une politique migratoire répréhensive, un mouvement de solidarité s’exprime localement en faveur de l’accueil des exilés. À partir de 2017, la situation fait l’objet d’une importante médiatisation en raison des poursuites judiciaires engagées à l’encontre de riverains, suspectés de faciliter l’entrée et le séjour de personnes en situation irrégulière.Cette recherche en sociologie part d’une expérience bénévole au sein du campement qui s’improvise chez Cédric Herrou, paysan et figure phare de la mobilisation. À partir de cette expérience fondatrice, je propose une ethnographie des lieux d’accueil et des relations d’aide qui se déploient sur le territoire. Je m’intéresse aux épreuves de l’exil lors du franchissement de la frontière, ainsi qu’aux formes de solidarité dites de « proximité », à l’échelle d’un territoire emblématique de la problématique migratoire contemporaine. L’enquête menée pendant quatre années auprès de collectifs militants locaux entend renouveler la thématique de l’hospitalité au regard des spécificités territoriales. Je saisis le phénomène en tant que problème public, en décrivant les procédés d’émergence et de prises en charge de l’accueil des exilés. L’enquête sociologique soulève plus précisément les tensions relatives à la clandestinité et à l’illégalité lors de l’expression publique d’un problème. Dans un contexte européen houleux et face à la recrudescence d’affaires juridiques relatives au « délit de solidarité », la thèse actualise la question de l’engagement citoyen au regard du lien politique avec les personnes exilées. Elle ouvre alors à une interrogation relative au concept de « communauté », appréhendé à partir des difficultés concrètes qui se posent lors de l’accueil d’autrui. Cette recherche à prétention pratique et citoyenne, prolonge avant tout un geste d’engagement et promeut une autre version possible de l’accueil d’autrui.
Origine : Version validée par le jury (STAR)