Emergency Accommodation Tested by the Pandemic. Investigation into the Reconfiguration of a Winter Shelter System
L’hébergement d’urgence à l’épreuve de la pandémie. Enquête sur les reconfigurations d’un dispositif de mise à l’abri hivernal
Résumé
This article analyses how emergency accommodation was transformed in the
context of the Covid-19 pandemic and the problems this caused both for professionals
and for the people housed there. Based on a field survey conducted from
the first lockdown in March 2020 and extended until March 2022, we document
how a ‘winter sheltering’ system was reconfigured in order to implement ‘lockdown’
and ‘social distancing’ measures. While overcrowding in this type of accommodation
is already well-known, we here show that it now presents as a health
problem. This new context led to spacing practices and the displacement of people
to other insecure types of accommodation, including the boarding wing of a high
school. By describing this spacing out and displacement of sheltered persons, the
survey shows how the health crisis has ultimately contributed to intensifying two
typical ordeals of social emergencies : the forced displacement of individuals considered
to be unattached, and the temporary and insecure nature of the housing
offered to them.
Cet article analyse les transformations de l’hébergement d’urgence dans le
cadre de la pandémie du Covid-19 et les épreuves qu’elles ont engendrées pour
les professionnels et les personnes qui y sont hébergées. À partir d’une enquête de
terrain conduite dès le premier confinement en mars 2020 et prolongée jusqu’en
mars 2022, nous documentons comment un dispositif de « mise à l’abri hivernal
» a fait l’objet de reconfigurations afin de mettre en application les mesures
de « confinement » et de « distanciation sociale ». Alors que la promiscuité de ce
type d’hébergement est déjà connue, nous montrons que celle-ci est désormais
cadrée comme un problème sanitaire. Ce nouveau cadrage engendre des pratiques
d’espacements et de déplacements de personnes vers d’autres habitats précaires,
dont l’internat d’un lycée. En décrivant ces espacements et déplacements des
personnes hébergées, l’enquête montre comment la crise sanitaire a finalement
contribué à renforcer l’intensité de deux épreuves typiques de l’urgence sociale :
celle du déplacement contraint des individus considérés sans attaches et celle du
caractère temporaire et précaire des habitats proposés.