Toucher le cœur des schismatiques ; Stratégies sonores et musicales des jésuites en Éthiopie, 1620-1630
Résumé
The Jesuit mission in Ethiopia takes place from 1557 to 1633. At the end of 1621, the
Ethiopian king Susneyos joins the Roman faith. The decade 1620-1630 is the time of
the country’s latinization. Moreover, it is the most documented period. In the letters and
reports that the Jesuits send to their superiors – where they give an account of their
activities –, as in the surveys they write about Ethiopia, they relate the chant of the
Roman liturgy, the playing of the European musical instruments, but also the bells, the
clocks, or the fireworks: it is a new sound world that they bring to Ethiopia.
The mission fails. No score remains, no instrument, no iconographical testimony, no
tangible heritage. Consequently, the sources are only textual and are constituted by the
only Fathers’ words. Through them, I try to apprehend the sound dimension of the
encounter between the Catholic Church and the Orthodox Ethiopia, crossing the
ethnomusicological data collected in the 20th century on the Ethiopian field, the
concepts used by sound anthropology and the musicological erudition about the first
European Baroque.
How do the Jesuits use music and sound for Romanisation? How do the musical
strategies – that were so successful in others missions – adapt themselves to the
Ethiopian field… that has the distinction of being Christian from old times? Last but
not least, how do the Jesuits link Ethiopia with the catholic world, via music?
La mission jésuite en Éthiopie s’étend de 1557 à 1633. À la fin de l’année 1621, le roi
éthiopien Susneyos adhère à la foi romaine. La décennie 1620-1630 est celle de la
latinisation du pays. Elle est aussi le mieux documentée. Dans les lettres et rapports
qu’ils envoient à leurs supérieurs pour rendre compte de leurs activités, tout comme
dans les sommes qu’ils écrivent sur l’Éthiopie, les jésuites évoquent le chant de la
liturgie romaine, le jeu des instruments de musique européens, mais aussi les cloches,
les horloges, ou encore les feux d’artifice : c’est un monde sonore nouveau qu’ils
déversent sur l’Éthiopie.
La mission échoue. Il ne reste à ce jour aucune partition, aucun instrument, aucun
témoignage iconographique, aucun héritage tangible. Les sources, par conséquent, sont
uniquement textuelles et ne font entendre, si l’on ose dire, que la « voix » des Pères. À
travers leurs mots, je cherche à appréhender la dimension sonore de la rencontre entre
l’Église catholique et l’Éthiopie orthodoxe, en croisant les données ethnomusicologiques
récoltées au cours du XXe siècle sur le terrain éthiopien, les concepts travaillés
par l’anthropologie sonore et l’érudition musicologique concernant le premier baroque
européen.
Comment les jésuites usent-ils du sonore à des fins de romanisation ? Comment les
stratégies musicales, qui ont si bien fait recette dans d’autres missions, s’adaptent-elles
au terrain éthiopien, qui, lui, a ceci de particulier d’être déjà chrétien ? Enfin, comment
les jésuites, par le biais de la musique, relient-ils l’Éthiopie au reste du monde
catholique ?
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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