Approche juridique de la notion de barbare
Résumé
On peut dégager des certitudes et des hypothèses. Des certitudes : 1) Chez les Burgondes, barbarus s'applique très largement aux Burgondes eux-mêmes mais peut aussi, plus rarement, renvoyer à des non—Burgondes ; 2) Chez les Francs Saliens, où ce terme apparaît peu, il désigne un étranger non-franc. 3) Dans l'Edit de Théodoric, où il est assez largement et intentionnellement employé, il désigne les non-Romains, de toute façon sujets d'un roi barbarus Théodoric. Des hypothèses : 1) Dans ce même Edit; il désignerait soit les Wisigoths et les autres barbares du royaume; soit les Ostrogoths et les autres barbares du royaume, la seconde hypothèse étant la mieux fondée ; 2) Dans le Bréviaire d'Alaric, il renverrait, dans les lois du Code Théodosien choisies, soit, dans la plupart des cas, à l'hostilité, soit, dans le cas des barbarae visées par la loi sur les unions mixtes, à l'altérité sans hostilité. Dans la seule interpretatio où il est mentionné, il renverrait à l'altérité en général, c'est-à-dire la non romanité, l'hostilité n'étant là qu'un élément secondaire, mais cette altérité incorporant en même temps l'identité wisigothique, puis que les Wisigoths accepteraient ce terme pour se désigner eux-mêmes. Sa disparition dans les interpretationes des autres lois répondrait simplement à des exigences de logique et de clarté. Le rôle du contexte, de la nature du document, y compris à l'intérieur d'un même recueil, et des intentions serait de toute façon déterminant pour établir dans chaque cas le sens de barbarus : tantôt renvoyant à une claire altérité, tantôt associant subtilement altérité et identité assumée, ainsi qu'on peut le proposer pour l'interpretatio de CTh III, 14, 1.