La collection « Petite souris » : étude exploratoire de la croissance et des perturbations pendant la petite enfance à partir de l’histologie et la physicochimie dentaire
Colloque annuel de la Société d’Anthropologie de Paris 1845 e réunion scientifique
Résumé
Les dents sont l’un des matériaux les mieux préservés des assemblages archéologiques et paléoanthropologiques. Les tissus dentaires, tels que l'émail et la dentine, se forment par couches superposées qui seront préservées tout au long de la vie de l’individu. Cette séquence de couches contient l’enregistrement d'informations uniques sur de la trajectoire de développement d’une personne, et peuvent fournir des informations sur la grossesse (durée et naissance), ainsi que sur la manière dont la personne interagit avec son environnement (régime alimentaire, événements de stress). La collection « Petite souris » est composée d'environ 900 dents exfoliées naturellement appartenant à une centaine d'individus de 40 familles. Des informations détaillées sur les individus ont été récoltées dans une base de données (BdD) ; notamment la durée de la grossesse, le type de naissance, le type d’alimentation y compris l'âge du sevrage. Des analyses histologiques et physico-chimiques ont été effectuées sur un échantillon de 12 deuxièmes molaires déciduales. Les zones prénatales et postnatales de l'émail ont été analysées par microscopie électronique à balayage couplée à la spectroscopie de rayons X à dispersion d'énergie (MEB-EDS), spectroscopie Raman et spectrométrie d'émission atomique de plasma induit par laser (LIBS) pour voir si des modifications dans la composition chimique des dents peuvent être corrélées à des évènements observables sur les coupes histologiques ou enregistrés dans la BdD de la collection. Les résultats ont permis de confirmer que quand les lignes accentuées sont identifiées sur les coupes histologiques elles peuvent être corrélées à des évènements de stress signalés sur la BdD, notamment le sevrage (13/15 ont été corrélés). D’autre part, les analyses physico-chimiques nous ont permis d’observer que la distribution et intensités des éléments, par exemple pour le strontium, sont en lien avec des variations dans les apports alimentaires (lait maternel, lait artificiel et aliments solides) et le sevrage.