Awra Amba en Éthiopie, une utopie socialiste entre mythe et réalité
Résumé
After its foundation in 1972, the utopian community of Awra Amba, Ethiopia, was first confronted with the strong hostility of their neighbours and the authorities, but in the end, their efforts met with success. People share a strong ideology, culture and mechanisms implemented in order to respect them, which differentiates them from the Amhara society: its well known gender equality, children’s rights, solidarity, golden rule (treat others as you would like to be treated yourself), the value of work, absence of institutionalized religion, and democracy. Its values are substantially implemented. Thus the behaviour of women or men is similar, and the perception of roles is egalitarian and androgynous. Solidarity is expressed by the establishment of a social security system and by an equal sharing of income in the cooperative. Honesty is respected in the daily life but some realities are denied. Institutional system is formally democratic, but the power seems to remain quite autocratic. The community does not follow any religious rite and does not believe in any supernatural power which would govern life on Earth, but believes in a creator god. This “religion” is in fact very close to rationalist and atheistic conception of existence.
As a result of an investment in education extremely high, the school level of its members, particularly amongst young people, is incomparably higher than that of traditional society. Economic activities, essentially cooperative, have diversified a lot. As a result, per capita income has increased by a factor of nearly twenty in fifteen years. Relationship with neighbours and authorities changed from deplorable to good, even excellent. Then the number of Ethiopian and foreign visitors is impressive. They are attracted by the people's origin of this utopia, its values largely implemented, and its narrative a few mythic built by its leaders.
Après sa création en 1972, la communauté utopique d’Awra Amba en Éthiopie a d'abord connu l'opposition violente de ses voisins et des autorités avant de connaître le succès. C'est un village très fortement uni par une idéologie, une culture et les mécanismes mis en œuvre pour les respecter, qui le distinguent de la société amhara : l’égalité des sexes qui a fait sa renommée, les droits des enfants, la solidarité, la règle d’or (traiter les autres comme on voudrait être traité soi-même), la valeur travail, l’absence de religion institutionnalisée, et la démocratie. Ses valeurs sont en grande partie mises en œuvre. Ainsi les comportements et tâches des femmes ou des hommes sont similaires, et la perception des rôles est égalitaire et androgyne. La solidarité s’exprime par la mise en place d’un système de sécurité sociale et par un partage égalitaire des revenus des coopérateurs. L’honnêteté est respectée dans la vie quotidienne, mais certaines réalités sont niées. Le système institutionnel est formellement démocratique, mais le pouvoir semble rester assez autocratique. La communauté ne suit aucun rite religieux et ne croit en aucun pouvoir surnaturel qui régirait la vie sur terre, mais croit en un Dieu créateur. Cette "religion" est en fait très proche des conceptions rationalistes et athées de l’existence.
Conséquence d'un investissement dans l’éducation extrêmement élevé, le niveau scolaire de ses membres et notamment des plus jeunes est incomparablement supérieur à celui de la société traditionnelle. Les activités économiques, sous forme coopérative essentiellement, se sont beaucoup diversifiées, et le revenu par habitant a augmenté d’un facteur proche de vingt en quinze ans. Les relations avec les voisins et les autorités sont passées de déplorables à bonnes voire excellentes, ce qui se traduit par un très grand nombre de visiteurs éthiopiens et étrangers, attirés par l’origine populaire de cette utopie, ses valeurs largement mises en œuvre, et le récit quelque peu mythique construit par ses leaders.