Explosive storms, metaphors and revolutionary actions

Orages explosifs, métaphores et actions révolutionnaires

Sophie Wahnich (1)

1 IIAC - Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain

The storm as such is not a metaphor that is really abundant in the revolutionary archive; lightning and the storm compete with it, unless they describe the issues of the storm. When "storm" appears, it is divided into three uses. For revolutionaries who reject the legitimacy of popular movements, the storm is a tumult that must be nipped in the bud. A danger, more than an opportunity for ethical regeneration. To calm the storms in the plural, it is to calm the rioters, and thus to prevent the explosions, sometimes by fabricating, a consensus, a false concord by the elaboration of finally authoritarian festivals. On the other hand, for the pronounced revolutionaries, the storm serves both to evoke a precise moment, riotous or terrorist, unfortunately necessary, and to give a quasi-supernatural meaning to the French Revolution as a whole. These moments are considered as fearsome, that is why they must be avoided, they are dangerous, even if legitimate. It is necessary to measure the ideological gap that separates those who defend popular sovereignty from those who attack it. But unlike the meteorological storm, the political storm can be regulated. It is enough to do justice and to denounce those who organize, foment and want trouble. The metaphor of the boat without a captain in the storm, of the disturbing swell, is a recurrent one, first Victor Hugo and then Abel Gance use it as a motif to evoke these moments of uncertainty that hover over the revolutionary storm and before each storm breaks. But the revolutionary hope is the one where the storm will have instituted the good weather and the explosive sequence must be seen as both dethroning and instituting.

L’orage comme tel, n’est pas une métaphore vraiment abondante dans l’archive révolutionnaire, la foudre, la tempête lui font concurrence, à moins qu’elles ne décrivent les enjeux de l’orage. Quand « l’orage » apparaît, il se partage en trois usages. Pour les révolutionnaires qui récusent la légitimité des mouvements populaires, l’orage est un tumulte qu’il faut étouffer dans l’œuf. Un danger, plus qu’une occasion de régénération éthique. Calmer les orages au pluriel, c’est calmer les émeutiers, et donc empêcher les explosions, parfois en fabriquant, un consensus, une fausse concorde par l’élaboration de fêtes finalement autoritaires. A contrario pour les révolutionnaires prononcés, l’orage sert à la fois à évoquer un moment précis, émeutier ou terroriste malheureusement nécessaire et à donner un sens quasi-surnaturel à la Révolution française en son entier. Ces moments sont considérés comme redoutables, c’est pourquoi il faut les éviter, ils sont dangereux, même si légitimes. Il faut bien mesurer l’écart idéologique qui sépare ainsi ceux qui défendent la souveraineté populaire et ceux qui l’attaquent. Mais contrairement à l’orage météorologique, l’orage politique peut être régulé. Il suffit de faire justice et de dénoncer ceux qui organisent, fomentent, veulent le trouble. La métaphore du bateau sans capitaine dans la tempête, de la houle inquiétante est, quant à elle, récurrente, Victor Hugo d’abord puis Abel Gance en font un motif pour évoquer ces moments d’incertitude qui planent sur l’orage révolutionnaire et avant que chaque tempête ne se déclenche. Mais l’espérance révolutionnaire est celle où l’orage aura institué le beau temps et il faut voir la séquence explosive à la fois comme destituante et instituante.

Mots clés: révolution; émeutes; régulation; institution; destitution

Domaines: Sciences de l'Homme et Société

Sophie Wahnich. Orages explosifs, métaphores et actions révolutionnaires. Orages, Littérature et culture (1760-1830), 2020, explosions populaires, 19, pp.27-42. ⟨hal-03485747⟩