La culture du vélo en réponse à la crise sanitaire à Bogotá
Résumé
Nous nous centrons pour cette communication sur l’hypothèse suivante, à savoir que la crise sanitaire a constitué une rupture dans la pratique du vélo en ville, avec une explosion du nombre de cyclistes depuis la fin du confinement et une évolution rapide des approches politiques et techniques.
Cette hypothèse repose sur une analyse diachronique des évolutions récentes de la place du vélo dans la culture colombienne et bogotanaise en particulier. La culture du vélo est ancrée en Colombie au travers du cyclisme professionnel, mais aussi grâce à des programmes développés à partir des années 1980 qui encouragent la pratique du vélo en ville, comme la Ciclovía, qui réserve une partie des rues du centre de Bogotá aux cyclistes tous les dimanches matin. À ce premier niveau d’évolution se superpose un second niveau, sur le temps court, puisqu’il est apparu à la faveur de la crise sanitaire. Il se matérialise par la réactivité des pouvoirs publics locaux qui ont largement étendu l’offre d’infrastructures cyclables, souvent nommées « coronapistes ». Bogotá s’est d’ailleurs illustrée à l’échelle mondiale comme pionnière de cette initiative. Il s’agira de questionner ici le rôle de la culture du vélo comme terreau à la réponse rapide apportée à la crise sanitaire. Les outils mobilisés étaient prêts à l’emploi et par ailleurs déjà expérimentés dans d’autres contextes, les habitants sont eux aussi habitués au format de la Ciclovía, et les infrastructures qui existaient en amont ont servi de base à la mise en place de pistes cyclables temporaires. Nous mettons en regard les enjeux posés par la crise environnementale, qui se superposent partiellement à la crise sanitaire, le vélo étant aussi un moyen de transport à très faible impact environnemental.