Des plateformes autogérées comme alternatives au capitalisme de plateformes : le cas des Plateformes en Communs
Résumé
Porteuses d’une grande vague d’enthousiasme lors de leur émergence au tournant des années 2010, les plateformes de mise en relation suscitaient alors l’espoir d’une émancipation radicale des travailleurs et des consommateurs. Ces plateformes étaient censées favoriser les échanges en pair-à-pair et plus généralement le passage d’une société individualiste fondée sur la propriété privée à une société collaborative du partage facilitant la mutualisation de biens et services ainsi que l’usage à la demande, le tout dans une perspective à la fois écologique et conviviale. Cependant, la disparition progressive du voile qui masquait la grande hétérogénéité des plateformes a révélé la domination, au sein de
cette nouvelle économie, de modèles purement capitalistiques dont les fonctions consistent à extraire une plus-value financière des échanges entre usagers de la plateforme. Face à ce modèle dominant des entreprises-plateformes, des militants et entrepreneurs prônent la voie de l’autogestion des plateformes comme une alternative adéquate pour prévenir la captation de la valeur hors de la communauté. En dépit de leur diversité de
trajectoires et de modèles, ces initiatives inventent et expérimentent des plateformes autogérées mettant leurs usagers au coeur du projet économique.
Après une mise en perspective du contexte général dans lequel opèrent les plateformes autogérées, ainsi que des facteurs de genèse de ces initiatives, cette contribution ambitionne, à partir de plusieurs études de cas françaises, d’explorer en profondeur les modèles - économiques, organisationnels, politiques - et les enjeux des plateformes autogérées, à la croisée des chemins entre l’économie de plateformes, l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et les communs numériques.
Domaines
Sciences de l'Homme et Société
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)