Podemos : un répertoire d’action collective réinventé ?
Résumé
Doctorant en seconde année de thèse à l’université de Montpellier, je travaille actuellement sur le parti espagnol Podemos dans l’optique d’étudier l’évolution des trajectoires biographiques et des pratiques politiques de ses militants durant le processus d’institutionnalisation du parti. Ce parti a connu d’importants succès électoraux au cours des dernières années, et entend aujourd’hui imposer sa grille d’analyse dans la vie politique ibérique en assumant un « populisme de gauche » fondé sur un clivage entre le peuple et la « caste » (Nez, 2015). Le travail de terrain réalisé auprès d’une section locale et d’élus du parti a permis de noter un fait sociologiquement intéressant : la base militante de Podemos, souvent âgée et très hétérogène dans ses origines politiques et sociales, développe un répertoire d’action varié, mêlant les nouvelles technologies de l’information et de la communication aux méthodes de la gauche radicale historique et de l’altermondialisme.
Alors que s’achève pour Podemos la « genèse partisane » (Dézé, 2011), ses militants expérimentent depuis bientôt trois ans un ensemble de pratiques visant à mettre en place une démocratie directe fondée sur le modèle des assemblées, avec l’objectif d’appliquer demain ces dispositifs à l’ensemble du pays. Ces personnes aux parcours biographiques variés prennent en main avec succès les outils passant par Internet, devenus en quelques années incontournables dans le répertoire d’action collective du parti (Boullier, 2013).
Ma communication se propose donc de questionner la nouveauté des pratiques de Podemos, particulièrement de ses méthodes de communication, au regard des différentes expériences historiques et influences politiques animant ce jeune parti.
Pour cela, ma présentation se basera principalement sur les données sociologiques tirées d’une série d’entretiens réalisés auprès des militants et militantes de Podemos lors de mon enquête de terrain (méthode qualitative), données qui seront complétées et vérifiées par une observation participante au sein du « circulo Sant Martí » de Barcelone, axée sur les pratiques ainsi que sur les méthodes de communication et de partage des informations employées dans cette section locale.