Déclamer, chanter, détruire. Les ambiguïtés de la rhétorique anti-terroriste dans les théâtres de Paris après Thermidor
Résumé
Au cours de la période dite « thermidorienne » de la Révolution, la question de l’héritage politique de la terreur se pose avec acuité. Le théâtre, espace privilégié de la politisation du citoyen, cristallise une rhétorique anti-terroriste tous azimuts qui atteint son acmé dans les premiers mois de l’année 1795. Cette contribution analyse sa traduction à travers trois modalités qui agissent en interaction : les thèmes privilégiés dans les pièces d’actualité anti-jacobines représentées à Paris ; la réaction des spectateurs à travers la campagne des jets de billets sur scène et la vogue du Réveil du Peuple qui l’accompagne ; les enjeux mémoriels de la vague iconoclaste qui sévit dans les salles à l’encontre des bustes des Marat. La rhétorique anti-terroriste apparaît ainsi à la fois protéiforme (l'écrit, la voix, le geste), polysémique (elle s'apparente à un kaléidoscope politique) et réflexive en ce qu’elle témoigne d’une réappropriation des principales composantes de l’imaginaire jacobin pour en renvoyer une image exactement inversée.