Note sur les pratiques sigillaires des hospitaliers en Provence (XII e -XIII e siècle) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2021

An Introduction to the Sigillary Practices of the Hospitallers in Provence (12th early—14th centuries).

Note sur les pratiques sigillaires des hospitaliers en Provence (XII e -XIII e siècle)

Résumé

Based on a still provisional corpus of seals, this paper provides some insights into the sigillary practices of the Hospitallers in Provence from the twelfth to the beginning of the fourteenth century. While the Order of the Hospital was early concerned about the codification of the use of seals, Provence benefits from first-hand information provided by the archivist of the grand priory of St. Gilles Jean Raybaud († 1752) and by the catalogue of seals published by the archivist Léon Blancard in 1860. At the current state of research, the corpus collected does not exceed about twenty different types of impressions. Even if the method is not perfect, it is therefore necessary to consider diplomatical notifications of sealing to understand the main logic of seal use by Provençal Hospitallers. An examination of some of the Hospital’s cartularies (Saint-Gilles, Trinquetaille, Avignon) indicates that in the twelfth century, the documents kept are never authenticated by the seals of the Order. While between 12% and 40% of charters could be sealed, the main authenticating authorities where the communes and some ecclesiastical institutions. On the other hand, the thirteenth century reveals a different situation: in Manosque, at least 15% of the charters are sealed with the commandery bull. The context is, however, a little different because the Hospital is the only lord of the town and supervises the activities of notaries. In any case, it should be pointed out that the notarial strength made the use of seals less necessary. By the fourteenth century, sigillary practices seem to have already been transformed: sealing seems to be limited to letters exchanged within the Order or to the most solemn acts authenticated by the master’s bull. With regard to seal impressions, a distinction must be made between markings associated with an institution —preceptory, priory— and personal markings used by officials in the fulfilment of their position —preceptor, prior. Although a very small number of seals were preserved for the commanders, it is likely that all these officers did have a matrix. The diplomatical use of the seal was not mandatory, but every commander had to seal the bags containing the responsiones of his house. The marks of the commanders and priors were made of wax, while the rare artifacts saved for commanderies —Orange, Manosque— are leaden bulls. These houses were ruling powerful lordships and the use of a lead bull refers to the imperial authority delegated to communes. Imagery had to be easily identifiable, without being peculiar to the Hospital. In accordance with the statutes, the Agnus Dei was the mark of the different priors of St. Gilles without mentioning the name of the officer. The Cross Patted seems to be the common insignia on the obverse of the commandery bulls while the reverses refer more to a local identity. The proper seals of the commanders, on the other hand, all feature the brethren’s name. The small sample available provides ample scope for heraldic signs, which clearly shows that a certain elite of commanders belong to the military aristocracy of the area. The seal of Féraud de Barras offers a rarer type, probably inspired by the representation of the master of the Hospital himself: the high officer is shown in a bust, the mantel stamped with the order’s cross. It is no coincidence that this mark is relevant to the Office of the grand commander overseas (magnus perceptor in partibus cismarinis) and not to that of prior — because this brethren held both positions from 1257 to 1266. This “imago” of the brethren’s “resemblance” clearly illustrates the performative character of the sigillary imprint able to represent the individual and to act in absentia.
À partir d’un corpus encore provisoire d’empreintes, cette communication propose quelques observations sur les pratiques sigillaires des Hospitaliers en Provence entre le XIIe et le début du XIVe siècle. Alors que l’ordre de l’Hôpital s’est tôt préoccupé de codifier l’usage de sceaux, la Provence bénéficie des informations de première main transmises par l’historien de l’ordre de Malte Jean Raybaud († 1752) et du catalogue des sceaux conservés aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône édité par l’archiviste Léon Blancard en 1860. En l’état actuel des recherches, le corpus rassemblé ne dépasse guère une vingtaine de types différents d’empreintes. Même si le procédé n’est pas infaillible, il faut donc recourir aux annonces diplomatiques de scellement pour tenter de suivre les grandes logiques de l’usage du sceau chez les hospitaliers provençaux. L’examen de quelques cartulaires de l’Hôpital (Saint-Gilles, Trinquetaille, Avignon) montre qu’au XIIe s., les actes conservés ne sont jamais authentifiés par les sceaux de l’ordre. Si 12% à 40% des actes pouvaient être scellés, les principales juridictions gracieuses sont les consulats et quelques autorités ecclésiastiques. Le XIIIe siècle montre en revanche une autre situation : à Manosque, 15% au minimum des actes sont scellés de la bulle de la commanderie. Le contexte est, il est vrai, un peu différent car l’Hôpital est ici unique seigneur de la ville et réglemente l’activité des notaires. De manière générale, il faut souligner que la force du notariat rendait le recours au sceau moins nécessaire. Dès le XIVe s., les pratiques sigillaires semblent s’être déjà transformées : l’empreinte paraît réservée aux correspondances échangées au sein de l’ordre ou bien aux actes les plus solennels authentifiés par la bulle du maître. Pour ce qui est des empreintes, il faut distinguer les marques attachées à une institution – commanderie, prieuré – des marques personnelles utilisées par les dignitaires dans l’exercice de leur fonction – commandeur, prieur. Même si un nombre infime d’empreintes a été conservé pour les commandeurs, il est probable que tous ces officiers disposaient bien d’une matrice. Si l’usage diplomatique du sceau n’avait rien d’obligatoire, en revanche, chaque commandeur devait sceller les sacs contenant les responsions de sa maison. Les marques des commandeurs et des prieurs étaient en cire, alors que les rares empreintes de commanderies conservées – Orange, Manosque – sont des bulles de plomb. Ces commanderies étaient à la tête de puissantes seigneuries et l’usage de la bulle de plomb renvoie à l’autorité impériale déléguée aux consulats. L’iconographie devait être facilement identifiable, sans pour autant être propre à l’Hôpital. Conformément aux statuts, l’Agnus Dei caractérise les empreintes des différents prieurs de Saint-Gilles, sans que le nom du dignitaire ne figure. La croix pattée semble être l’insigne commun à l’avers des bulles des commanderies, tandis que les revers renvoient plutôt à une identité locale. Les sceaux propres aux commandeurs, en revanche, comportent tous le nom du frère. Le faible échantillon dont on dispose laisse une large place aux signes héraldiques, ce qui marque bien l’appartenance d’une certaine élite de commandeurs à l’aristocratie militaire de la région. Le sceau de Féraud de Barras offre un type plus rare, sans doute inspiré de la représentation du maître lui-même : le dignitaire est représenté en buste, le manteau timbré de la croix de l’ordre. Ce n’est pas un hasard si cette marque s’applique à l’office de grand commandeur deçà mer (magnus perceptor in partibus cismarinis) et non à celui de prieur – car le frère a cumulé les deux fonctions de 1257 à 1266. Cette imago à la « semblance » du frère illustre bien le caractère performatif de l’empreinte sigillaire, capable de re-présenter l’individu et d’agir en son absence.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03139475 , version 1 (12-02-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03139475 , version 1

Citer

Damien Carraz. Note sur les pratiques sigillaires des hospitaliers en Provence (XII e -XIII e siècle). 2021. ⟨hal-03139475⟩
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