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Article Dans Une Revue (Compte-Rendu De Lecture) Communication - Information, médias, théories, pratiques Année : 2020

« Maria Caterina MANES GALLO (dir.), Identification de…, dé-identification. Entre trace(s) et fiction(s) »

Leopold Mfouakouet
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1074931

Résumé

« Maria Caterina MANES GALLO (dir.), Identification de…, dé-identification. Entre trace(s) et fiction(s) », Communication [En ligne], vol. 37/1 | 2020, mis en ligne le 11 mai 2020, URL : http://journals.openedition.org/communication/11911 1 Cet ouvrage impose une lecture à la mesure de sa scansion propre. L'« Introduction », précédée d'un « Avant-propos », est de Maria Caterina Manes Gallo, et porte sur « Trace(s) et fiction(s) : l'"identité" comme résultat et comme présupposé de processus(s) ». Avec ces nuances graphiques s'indique la complexité de la question qu'abordent les 12 textes que compte cet ouvrage collectif. Ceux-ci sont distribués sur quatre parties, chacune ayant trois contributions. 2 La première partie s'ouvre par l'étude d'un cas d'identification criminelle. Jean-Marc André y présente un homicide prémédité, où l'assassin, en soignant son anonymat, se dé-identifie, transformant ainsi ses traces en une sorte de fiction, tout à l'opposé du flic. Intrigue d'autant plus intensifiée que reste ouverte l'indécision entre l'identification et la dé-identification de la trace et/ou de la fiction. 3 Nicole Bosc étudie une autre relation, thérapeutique celle-là. Elle y voit un lieu d'émergence de traces psychiques. En effet, je parle, m'adapte et exerce ma liberté à partir des attentes de l'environnement social ou familial et des réponses sociales. Cela m'amène à mobiliser des comportements et des attitudes de survie, capables de provoquer des perturbations émotionnelles, des tensions d'autant plus tranchées qu'engrammées, elles laisseront des traces dans/sur mon corps. L'enjeu est l'ouverture du corps à la conscience de soi phénoménologique comme « être-au-monde ». La médiation du corps, lieu du contact à l'autre, du contact au monde, y joue un rôle essentiel. Dans ce cas, la confiance constitue le ciment sur quoi le « couple patient-thérapeute » travaille pour retrouver ces traces enfouies capables d'entraver la croissance vers l'autonomie. 4 Une question s'imposerait de savoir ce que vaut le processus d'identification. Nathalie Jaëck se la pose à partir d'une reprise des aventures de Sherlock Holmes, écrites par Arthur Conan Doyle entre 1887 et 1927. Cela débouche sur la portée des liens entre fiction et identification, laquelle, aléatoire, ouvre sur un processus inverse de dés-identification et de doute irrépressible. Positiviste soucieux de connaître, décrire et identifier sans relâche le monde, Sherlock Holmes déploie sa quête de la réalité sur la base d'une conviction : la réalité est la scène où se joue la différence, modalité déguisée de la répétition. Connaître et apprendre impliquent alors reconnaissance des traces laissées par la répétition, dont la matière première est constituée de possibles limités. Ceux-ci ouvrent à de la fiction. De quoi procéder à un rapprochement avec Gilles Deleuze (1968), qui préférait virtualité à possibilité ; aussi avec Jacques Derrida (1990 : 105), qui aurait plutôt opté pour l'itérabilité. 5 La deuxième partie du livre commence par la question de l'identité et/ou de l'identification des saints. Giulia Barone note qu'à la différence de l'Antiquité païenne, le Moyen Âge chrétien, en dévalorisant le corps, se concentre sur l'intériorité. De plus, d'un point de vue iconographique, un consensus est difficilement atteignable quant à l'image du Christ, des saints et saintes. Leur identification passe par des attributs symboliques en mesure de signifier quelque épisode de leur vie ou alors par la représentation de la partie de leur corps qui a connu le plus de sévices. Comme si ce par quoi ils étaient identifiés, en ne donnant pas à voir leur aspect physique, contribuait du même coup à leur dé-identification. 6 De l'Antiquité païenne et du Moyen Âge chrétien, on passe à la modernité liquide du selfie. Anne Beyaert-Geslin utilise la méthodologie sémiotique pour scruter comment celui-ci donne à repenser une identité relationnelle : « […] comme si le présent incluait le passé immédiat et inclinait déjà vers le futur, vers une nouvelle photographie puis une autre » (p. 76). « Je suis autre parce que je suis ici, puis ici, puis ici » (p. 77). Le selfie contribue ainsi à une identité de soi construite (et performée) par la mise en spectacle et la médiatisation de soi, à une redéfinition de la sociabilité, du temps et de l'espace. La comparaison opposant le devenir-collection de l'autoportrait artistique au devenir-partage du selfie permet de penser une présentation de soi renouvelé, celui-là (autoportrait artistique) donnant un déploiement fictionnel de soi plus large que celui-ci (selfie). Il y va d'une existence élargie aux dimensions d'un imaginaire qui fait droit à une fictionnalisation de soi différente.
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hal-02903641 , version 1 (21-07-2020)

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Leopold Mfouakouet. « Maria Caterina MANES GALLO (dir.), Identification de…, dé-identification. Entre trace(s) et fiction(s) ». Communication - Information, médias, théories, pratiques, 2020, ⟨10.4000/communication.11911⟩. ⟨hal-02903641⟩
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