La médiatisation de la vedette de football dans la France de l’entre-deux-guerres
Résumé
L’entrée du football dans la culture de masse repose sur sa capacité à établir un lien durable avec le lectorat qui s’informe des exploits des équipes par voie de presse et avec le public susceptible de se rendre dans les enceintes sportives pour les rencontres de haut niveau. La médiatisation de joueurs de football comme vedettes est, dans l’entre-deux-guerres, un des aspects les plus probants de la spectacularisation du football. Elle emprunte de nombreux procédés utilisés par la presse de masse qui couvre la vie intime des acteurs de cinéma, des chanteurs de music-hall ou de certains écrivains en faisant par exemple entrer le lecteur dans l’intimité de ces individus sous forme de romans-feuilletons. En puisant dans les valeurs sociales dominantes, la médiatisation des joueurs autorise l’identification des amateurs de football à ces acteurs du spectacle sportif. L’étude de la figure de la vedette nous permet ainsi d’appréhender la manière dont le football de haut niveau trouve une légitimité sociale nouvelle. De surcroît, cette construction représente un des vecteurs privilégiés de la rencontre entre une offre culturelle, déterminée par l’ensemble des acteurs du champ sportif de haut niveau, et une demande sociale, représentée ici par ceux qui se rendent de plus en plus nombreux aux stades et qui lisent les rubriques ou la presse sportives. Enfin, l’étude de la médiatisation de la vedette est un point d’observation privilégié des représentations sociales de la France des années 1930. Car si l’émergence et la médiatisation de ces joueurs sont le produit des évolutions du football, elles traduisent également les attentes d’une société engagée sur la voie de la commercialisation puis de la professionnalisation de cette pratique culturelle.