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Article Dans Une Revue Rousseau studies Année : 2016

L’espace du bonheur chez Rousseau

Résumé

Penser le bonheur chez Rousseau, c'est l'appréhender en terme d'espace et plus seulement de temps. Les interprètes 1 de l'oeuvre ont unanimement considéré le bonheur comme une notion centrale, déterminante pour saisir la cohérence de la pensée du philosophe. La tradition herméneutique a beaucoup insisté, à juste titre, sur le temps et le rôle prépondérant qu'il joue dans la jouissance du sentiment de l'existence actuelle. C'est Robert Mauzi qui a le plus clairement établi l'indissociabilité des notions de temps et de bonheur 2 dans la pensée de Rousseau. En se focalisant ainsi sur l'aspect temporel de la félicité, la dimension spatiale, tout aussi pertinente, a pourtant été délaissée, peut-être éclipsée voire occultée. Chez Rousseau, toute félicité repose sur un espace-temps du bonheur, le tiret qui réunit ces deux notions imbriquées signalant ici leur complémentarité, leur indissociabilité, leur constitution réciproque. Il faut, pour être heureux, éprouver une temporalité telle qu'on en désirerait la durée sans changement, sous peine de confondre le plaisir, éphémère, et le bonheur, par définition durable, état permanent. Mais cette expérience temporelle doit prendre possession d'un espace qui lui donne une assise et transforme les moments simplement agréables et plaisants en intervalles heureux. L'environnement naturel peut devenir propice au bonheur, générer une disposition interne favorable à l'apparition toute intérieure du sentiment. En un premier sens, cet espace est donc extérieur et fait référence à des lieux de balades, de promenades, d'herborisations, d'errances délicieuses. Mais le paysage est également intérieur ; il se rapporte alors à la sphère interne des affects, à l'espace intérieur où a lieu la déambulation mentale, de la rêverie la plus profonde à la simple vie sensitive à la « surface de l'âme », de l'étendue interne de l'introspection, qui se prolonge dans l'espace de l'imagination, de la fiction, à celui de l'écriture, véritable espace de l'existence. C'est la solitude qui doit ainsi être délimitée, cartographiée, spatialisée pour révéler son pouvoir de félicité. Mais le bonheur de la relation sociale restreinte repose lui aussi sur une telle spatialité : jouissance en commun, épanchement dans le cœur d’un ami et fusion extatique des âmes dans l’expérience de l’amour. Du bonheur solitaire de l’introspection à la jouissance sociale et citoyenne, du simple espace social menant à un bonheur communautaire à l’espace proprement politique qui aboutit au bonheur de tous dans la République, toute félicité se fonde chez Rousseau sur une spatialité propre

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  • HAL Id : hal-02610545 , version 1

Citer

Guilhem Farrugia. L’espace du bonheur chez Rousseau. Rousseau studies, 2016, Rousseau et la guerre froide, 4. ⟨hal-02610545⟩
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