Jean Scot Érigène, La connaissance de soi et la tradition idéaliste. Les Études philosophiques, 2013/1 (104), 2013
Résumé
Dans cet article, j’explore l’idéalisme d’Érigène selon ses propres termes et conditions, en tentant de saisir la nature spécifique de son application théologique, métaphysique et épistémologique de la relation entre être et non-être. Je suggère que les idéalistes allemands ont raison de considérer Érigène comme l’un des leurs pour sa reconnaissance de l’univers comme un processus d’articulation de soi et de compréhension de soi de l’esprit divin. L’explication d’Érigène de la nature de toutes les existences comme essentiellement immatérielles, son classement ontologique du monde apparemment physique, matériel et sensible sous le niveau de l’esprit et dans un sens spécifique, dépendant de l’esprit, et sa compréhension de toutes choses comme contenues dans l’esprit divin (et par extension dans l’esprit humain comme imago dei) doivent être considérés non seulement comme constituant un système philosophique original à part entière, mais aussi comme un idéalisme dynamique et intellectualiste. La nature infinie d’Érigène implique l’interaction dialectique du caché et de la manifestation, du néant et de l’être, de l’esprit inconnu de lui-même qui en vient à la connaissance de soi dans un savoir et un non-savoir infinis.