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N°Spécial De Revue/Special Issue Monde Commun Année : 2019

Multitude migrante

Michel Agier
  • Fonction : Directeur scientifique
  • PersonId : 839600

Résumé

L’universitaire camerounais à New York, le trader français à Londres, l’ouvrier népalais à Doha… sont autant de figures contemporaines de la mobilité. Des milliers, millions de vies singulières forment ce monde pluriel, hybride et cosmopolite. Faire tenir la multitude migrante de la planète dans une poignée d’études de cas est le genre de défi auquel les anthropologues sont habitués. Nous visons moins la représentativité statistique que l’exemplarité anthropologique, faisant le pari que chaque lectrice ou lecteur peut y reconnaître un peu de soi. « Si l’anthropologie n’était pas critique, elle n’aurait pas lieu d’être », nous rappelle Marc Augé : nous avons souhaité, avec ce numéro 3 de Monde commun, « calmer le jeu » et mettre en évidence la dimension ordinaire, sans être anodine, de la migration. Ainsi, vous trouverez dans ce numéro des migrants maliens de Montreuil, des acteurs de développement à Kayes, un scientifique vénézuélien en exil dans le sud de la France, des travailleurs indiens recrutés dans des emplois lointains pour payer une dette, une famille algérienne en France, un migrant iranien devenu l’anthropologue de sa propre condition. Au-delà de la singularité de chacune des situations, considérer ensemble cette multitude migrante internationale – plus de 250 millions de personnes vivant hors de leur pays de naissance – invite à penser le monde à partir des sites et situations de rencontre, cohabitation, coprésence, conflit ou collaboration. Il en va parfois de même avec les migrations de travailleurs à l’intérieur d’un vaste pays comme l’Inde, où les migrants franchissent « des États, des langues et des habitudes alimentaires différentes ». La migration est aussi un devenir qui traverse la vie de celles et ceux qui aspirent au déplacement, même s’ils n’en ont pas encore fait ou n’en feront jamais l’expérience. Aujourd’hui, en Chine, des millions de migrants potentiels rêvent et préparent leur vie au loin. Ces déplacements redessinent les frontières, qu’elles soient géopolitiques, sociales, culturelles… là où se croisent les établis, les migrants anciens et les nouveaux venus, en zone rurale et urbaine. L’hybridation y est constante. Elle est aussi ancestrale que les mobilités. Elle n’a même ni début ni fin. Dans des villes ouvertes au monde, les processus de « globalisation » s’imbriquent, un cosmopolitisme de tous les jours s’invente. Chacune et chacun apprend à faire avec le monde, organise de nouveaux rapports de pouvoir et redéfinit la place et l’emprise des métropoles, des États et des nations. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Marc Augé, anthropologue de la mobilité, n’oublie pas que sa discipline s’est formée à partir des lieux et d’une croyance dans l’atemporalité de ses objets, alors que les non-lieux, le conflit et le mouvement sont apparus comme des marques de la « surmodernité » imposant un changement de concepts, méthodes et questions aux nouvelles générations de chercheur-es. Comment les migrations s’inscrivent-elles durablement dans le tissu social ? Comment les sociétés fonctionnent-elles avec l’ouverture au monde et la mobilité comme principe ?
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02431605 , version 1 (08-01-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02431605 , version 1

Citer

Michel Agier, Carolina Kobelinsky, David Picherit. Multitude migrante. Monde Commun, 3, 2019. ⟨hal-02431605⟩

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