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Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Comment nommer ces rouges ? Pigments ou minerai de fer… Tout dépend de l’âge et de l’usage

Résumé

Les matières colorantes ont été utilisées par les populations préhistoriques depuis plus de 200000 ans dans diverses activités avec des objectifs qui ne sont pas toujours clairement identifiés. Pour désigner ces matières colorantes, l’utilisation fréquente des termes «pigment» ou «ocre», parfois abusive, implique un type d’usage (réalisation de peintures ou de cosmétiques) mais ne permet pas de décrire objectivement ces matières. Il s’agit en vérité d’un très vaste éventail de roches contenant des oxydes et des oxyhydroxydes de fer. Celles-ci présentent un certain nombre de propriétés physico-chimiques (propriétés sensibles visuellement et au toucher, d’ordre mécanique et colorantes principalement) qui permettent de les transformer, de les façonner, de les réduire en poudre, de les mélanger avec d’autres substances, de les appliquer sur différentes matières ou de les utiliser comme matière-outil. De la source d’approvisionnement jusqu’au broyage en poudre, ces actions de transformation induisent des modifications irrémédiables de la structure pétrographique de la ressource minérale d’origine. Afin d’identifier les stratégies d’approvisionnement en matières premières colorantes et d’appréhender les implications de telles stratégies sur les chaînes opératoires, le réseau économique et les choix opérés dans le passé, la mise en place d’un référentiel de matières premières est un préalable. Il permet en effet d’améliorer les connaissances concernant :-le paysage minéral ancien et les aires économiques que les populations préhistoriques se sont appropriées, et dans lesquels elles ont échangé au cours du temps idées et matières premières ou transformées;-les choix des matières premières colorantes parmi la diversité de ressources disponibles en comparant ces stratégies d’acquisition à celles mises en place pour d’autres types de ressources comme les roches siliceuses destinées à être taillées (GDRSilex)-les principaux critères conditionnant ces choix (visuel, mécanique, ...) qui ont des implications sur les techniques d’exploitation, principalement les méthodes de réduction en poudre (concassage, broyage, raclage, abrasion), les possibilités de mélange avec d’autres substances et les traitements thermiques. Dans cet objectif, une collection de roches riches en oxy(hydroxy)des de fer a vu le jour (PCR Pigmentothèque). Elle constitue une banque de références physiques (les roches issues des prospections) à laquelle est adossée une carte d’identité par matière, par gisement et par formation géologique. Ces roches sont ensuite décrites par leurs caractéristiques pétrographiques, minéralogiques et leur composition chimie. L’identification de marqueurs géologiques spécifiques pourra donc être utilisée en vue d’une comparaison avec des vestiges archéologiques, comme des fragments de matières colorantes ou des résidus sur des outils, ou avec de la matière picturale provenant de dessins ou de peintures. Les enquêtes systématiques à partir de différentes sources de documentation sont menées en parallèle du recensement et de l’échantillonnage sur le terrain des matières premières riches en oxy(hydroxy)des de fer à l’affleurement. Les dynamiques au cours du temps des affleurements sont aussi prises en compte puisque l’action d’agents naturels (érosion, recouvrement) et anthropiques a considérablement modifié l’accessibilité de ces ressources depuis le Paléolithique. Parmi les actions anthropiques, bien entendu, ce sont les exploitations minières qui ont causé le plus de transformation allant jusqu’à la vidange presque complète de certains gîtes de matières premières, extraites alors pour en tirer du fer et non plus une matière colorante. Pour compenser cette perte d’information pour l’étude des chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire, les traces des exploitations de minerai de ferconstituent une très riche documentation tant industrielle qu’archéologique. En effet, les archives minières et les concentrations de scories guident nos recherches de terrain.Finalement, si l’on sait que toutes les roches riches en oxy(hydroxy)des de fer ne peuvent être bonnes pour les deux usages (certaines ne seraient pas d’excellents pigments tandis qu’elles seraient exploitables pour la métallurgie et inversement), il existe néanmoins une grande diversité de minerais/matières colorantes qui ont étéexploitées dans les deux champs d’activités. Alors, comment nommer ces rouges ? Pigments ou minerai de fer? C’est bien les usages qui permettent de le dire.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02416024 , version 1 (17-12-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02416024 , version 1

Citer

Hélène Salomon. Comment nommer ces rouges ? Pigments ou minerai de fer… Tout dépend de l’âge et de l’usage. Rencontres Interdisciplinaires sur les Métaux (RIMs), Mar 2019, Nanterre, France. ⟨hal-02416024⟩
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