Voix et expression des émotions de patients avec suspicion d’atteinte du nerf laryngé supérieur
Résumé
But : Les paramètres acoustiques spécifiques à l’expression de la joie, la colère et la tristesse sont-ils modifiés chez des patients avec suspicion d’atteinte du nerf laryngé supérieur (NLS) post thyroïdectomie ? Ces modifications sont-elles en lien avec leur ressenti au quotidien ainsi que leur perception de ces émotions ?
Méthode : 34 patients avec suspicion d’atteinte du NLS après une thyroïdectomie totale datant de plus de six mois et moins de trois ans, 34 patients ayant bénéficié de cette chirurgie, dans les mêmes conditions, mais sans atteinte peropératoire, et 34 témoins ont été comparés, avec un protocole commun. Une partie objective, composée d’épreuves classiques d’évaluation vocale et d’autres spécifiques à la communication émotionnelle, a permis d’analyser les paramètres acoustiques (intensité, durée, fréquence). Une partie subjective, avec des questionnaires d’auto-évaluation sur le ressenti et la communication vocale émotionnelle depuis la chirurgie (Questionnaire de Plainte Spécifique), a évalué le handicap vocal des participants.
Résultats : un abaissement de la fréquence minimale (F(1,67)=26,3122 ; p<0,0001), maximale (F(1,67)=16,52 : p=0,0001), moyenne (F(1,67)=26,3122 : p<0,0001) et de l’intensité moyenne (F(1,67)=6,8329 : p=0,0111), pour la joie, sont significatifs chez les NLS, et retrouvés, dans une moindre mesure, chez les sujets non NLS. Une diminution de la fréquence fondamentale minimale (F(1,67)=6,9349 : p=0,0105) pour la colère est significative chez les sujets NLS. Aussi, les sujets NLS indiquent avoir plus de difficultés pour exprimer leurs émotions au QPS (F(1,58)=8,6212 : p=0,0048), en lien avec les modifications objectivées dans l’expression de la joie et la colère. Enfin, les scores de perception de la colère sont significativement plus faibles chez les sujets NLS (F(1,67)=7,3305 : p=0,0086) et non NLS (F(1,67)=5,5805 : p=0,0211) sans être corrélés aux modifications retrouvées sur le versant expressif de la prosodie émotionnelle.
Conclusion : certains paramètres spécifiques à l’expression de la joie et la colère sont significativement modifiés chez les sujets NLS, mais ne peuvent être attribués strictement à l’atteinte du NLS car ils le sont aussi, dans une moindre mesure, chez les non NLS. De plus, les sujets NLS présentent un handicap plus important dans l’expression vocale de leurs émotions au quotidien. Enfin, l’impact d’une modification de l’expression vocale des émotions sur son versant perceptif n’a pu être démontré ici.