Les inappropriables : formes et styles d'attachement « au monde » - Rapport Postdoctorat LabEx ITEM-Mars 2019
Résumé
Depuis une vingtaine d'années, le secteur des « activités physiques de pleine nature » connaît de profondes mutations qui obligent ses opérateurs à engager un processus de recomposition des systèmes touristiques. Les pratiques « récréatives » ont fait l'objet d'une attention toute particulière, elles incarnent les transformations dans les manières de pratiquer la montagne et les espaces naturels. Paradoxalement, elles constituent un coeur de cible privilégié pour une industrie du tourisme en recomposition en même temps qu'une visée impossible. Elles exercent une forme de critique en acte à son endroit : des lignes de fuite inappropriables à l'industrie du tourisme. À partir d'une approche par « portraits », je me pencherai sur les cas de praticiens qui inventent, pour leur compte, les formes de leurs pratiques en milieu naturel de telle sorte qu'elles ne puissent a priori pas faire l'objet d'une réappropriation marchande. Je m'intéresse alors à, et tente de discerner, ce qui en leur sein relèverait de ce qu'à la suite du philosophe Giorgio Agamben (2015) je nommerai un inappropriable. Je considèrerai ces inappropriables comme autant de facettes d'une « cosmodélie ». Si les années 60 furent psychédéliques (littéralement, « ce qui fait apparaitre l'esprit »), les années 2010 seraient cosmodéliques : au détour de pratiques parfois solitaires et aux allures anodines se joueraient l'instauration, provisoire, incertaine et fragile, de mondes à faire ou de « fragments » de monde.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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