Pour une éthique de la responsabilité. Le creuset du modèle Hélices
Résumé
L’intérêt que nous portons au modèle HELICES, un modèle fédérateur en sciences de l’éducation, selon nous, sera rappelé en introduction, tant il nous apparait que les travaux de Monique Linard représentent une large perspective anthropologique des notions d’action et d’activité en SHS. Nous reprendrons à notre compte son postulat : l’activité est fondamentalement le fait du sujet social apprenant. Une question connexe a également traversé les travaux de Monique Linard, celle du pouvoir d’agir. HELICES en porte la trace explicite. La problématique du pouvoir d’agir est double. D’un point de vue micro-psychologique, le pouvoir d’agir suppose la régulation autonome de l’action et la prise de conscience de son action. Ces processus s’accompagnent d’une émergence de la structuration cognitive de l’activité et de conceptualisation dans l’action. L’activité « constructive » prend la suite de l’activité « productive », ainsi nous observons deux manières de réguler l’activité : l’une « en boucle courte », l’autre « en boucle longue », ces deux sous-processus correspondant à ces deux formes de gestion de l’activité.
D’un point de vue méso-psycho-sociologique, le pouvoir d’agir émergerait par la conjugaison d’une agentivité personnelle avec les opportunités de l’environnement. Nous pourrons ainsi organiser la confrontation des apports de Monique Linard avec deux autres ensembles théoriques : la conceptualisation dans l’action pour préciser les modes de régulation de l’action et de l’apprentissage, la théorie sociocognitive pour élargir la réflexion à l’agentivité des personnes, ressource de l’apprentissage et, ainsi renforcer la figure de l’ « hyperacteur » et du « sujet intentionnel » ébauchée par Monique Linard. La réflexion sur la régulation de l’activité chez les sujets agentifs trouvera enfin ses prolongements dans une perspective éthique en appui sur les travaux de Rubinstein. Un sujet qui régule son activité et qui se saisit des opportunités pour renforcer son pouvoir d’agir est un sujet compétent. HELICES, modèle d’analyse de la régulation de l’activité d’apprentissage, contribue à la formation des compétences en créant les conditions d’une ingénierie adéquate. Toutefois, la compétence se double d’une responsabilité éthique d’orientation de ses comportements. HELICES est un modèle actantiel de l’activité humaine d’apprentissage. Or, la réflexion éthique peut encore être développée à la lumière d’autres apports, notamment ceux de Rubinstein et du « sujet de l’activité ». Ce dernier se prononce pour la responsabilité du sujet au titre de son action. Ainsi, la distinction entre action et activité, que Monique Linard a maintenue longtemps, doit être considérée très sérieusement. Elle donne toujours aujourd’hui matière à penser. L’ « action » du sujet, celle du sujet dans son entièreté, du sujet capable ou du sujet agentif, ne se déduit pas seulement d’une gestion efficace de son « activité ». Celle-ci ne représente que l’organisation cognitive qui gouverne l’action et les comportements mais il faut également en envisager les retombées éthiques. Il s’agit alors d’évaluer la qualité des stratégies pour faire face aux exigences des tâches. En conclusion, nous formulerons, de retour sur le terrain de la formation, quelques réflexions complémentaires déduites de l’élargissement de ce cadre conceptuel.
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