Programme européen AVER, Alcotra – Interreg IV. Les châteaux d’Allinges (Allinges, Haute-Savoie). Rapport final (2010-2012) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2016

Programme européen AVER, Alcotra – Interreg IV. Les châteaux d’Allinges (Allinges, Haute-Savoie). Rapport final (2010-2012)

Résumé

La troisième année d’étude archéologique des châteaux d’Allinges (Haute-Savoie), réalisée dans le cadre du projet européen AVER – des montagnes de châteaux (BSR 2010 et 2011) a permis d’achever le programme initialement fixé. A la suite des deux premières années d’intervention, qui s’étaient attachées à réaliser un état des lieux complet des deux châteaux ennemis, à analyser le système défensif de Château-Vieux et à étudier le processus de lotissement de son bourg castral, les recherches de 2012 visaient à achever la fouille des cellules d’habitat. Les recherches de terrain engagées depuis 2010 ont permis de faire le point sur l’organisation des deux sites, mais aussi de mettre au jour une partie de l’habitat subordonné à la résidence seigneuriale des Faucigny/Viennois dans le bourg castral de Château-Vieux. En ce sens, les recherches archéologiques et les vestiges mis au jour ont permis de mieux connaître l’architecture des châteaux, mais aussi des maisons médiévales du bourg, fournissant pour la première fois en Haute-Savoie des données archéologiques concernant la morphogenèse d’un village castral perché, développé entre le XIIe et le XIVe siècle, puis brutalement abandonné. Sur la trentaine d’édifices identifiés dans le bourg castral, les fouilles ont livré des données sur sept d’entre eux, conservés sur 0,80 à 1,50 m de hauteur, aux murs parfois encore enduits de mortier de chaux. Outre des informations sur les dimensions des édifices, allant de 8,90 par 4,20 m à 13,50 par 6,10 m, les recherches ont démontré que ces bâtiments s’étaient développés progressivement, de manière lâche, avant la constitution d’un parcellaire en lanières densément bâti organisé le long d’une rue qui desservait les maisons et permettait d’accéder à la cour haute et à la résidence seigneuriale proprement dite. L’architecture des maisons est également mieux connue, certaines étant jouxtées d’escaliers en façade qui desservaient un étage abritant les pièces de vie, tandis que les rez-de-chaussée semi-enterrés semblent avoir été dévolus à des fonctions plus utilitaires (caves, celliers ou ateliers). À terme, ce renouvellement des données et des connaissances devra trouver une illustration concrète dans la production de restitutions architecturales des différents états du site et des secteurs étudiés. L’approche croisée des textes et du terrain livre une nouvelle image de la population du bourg castral : les éléments d’architecture recueillis (éléments de portes, jambages de cheminées…) ou le mobilier (boulets de machines de sièges, carreaux d’arbalètes…), mais aussi les traces de l’exploitation du substrat gréseux pour des carrières de pierres et de meules à grain, témoignent d’une population vraisemblablement mélangée qui voyait se côtoyer paysans ou carriers et milites vivant dans l’entourage du seigneur. Toutefois, les recherches engagées n’ont fait qu’effleurer le potentiel d’étude global du site. Sur le plan historique, les comptes de châtellenies de Château-Neuf restent inédits et sous-exploités et recèlent une multitude de renseignements sur les travaux réalisés dans le château, mais aussi sur sa gestion quotidienne, tant sur le plan économique que militaire. Sur le plan archéologique, les différentes études réalisées et en cours ont renouvelé les connaissances sur ces monuments que ce soit en terme de compréhension architecturale que d’évolution chronologique ; mais, comme bien souvent, elles ont soulevé de nouvelles questions autant qu’elles ont apporté de réponses. Les recherches proprement dites ont été prolongées par la mise en valeur partielle des vestiges mis au jour, sous la maîtrise d’œuvre de Dominique Perron, architecte du patrimoine. Les contraintes liées à l’exposition des vestiges aux agressions extérieures et à la volonté de laisser le site ouvert librement au public ont abouti à une restauration et une mise en valeur partielles, fruit de compromis entre les différents acteurs du projet. Ainsi, les bâtiments ont été en grande partie remblayés de manière à protéger les sols et les structures architectoniques fragiles. Les seuils de portes, les escaliers d’accès aux bâtiments, ont par ailleurs été protégés par un remblaiement de manière à assurer leur conservation, tandis que des fac-similés construits à partir des matériaux issus du site reproduisent ces éléments d’architecture à la surface du sol actuel. Enfin, les parements des murs ont été cristallisés par de nouveaux enduits, tandis que les arases ont été protégées par une assise d’étanchéité. Ce dispositif permet de dessiner au sol le plan des bâtiments, tout en assurant la protection des vestiges. La présentation au public est enfin accompagnée de panneaux qui sont en cours de réalisation et intègrent le réseau des sites du Geopark du Chablais (projet UNESCO), faisant d’Allinges un site où se rencontrent les problématiques environnementales, géologiques et archéologiques. Néanmoins, si le projet AVER – des montagnes de châteaux a permis de renouveler les connaissances sur le site et d’initier en partie les travaux de conservation nécessaires pour assurer la pérennité de cet ensemble monumental qui a fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques en 2011, l’essentiel reste à faire. Loin d’être achevée, la conservation du site nécessite la poursuite de l’investissement des collectivités locales et des services de l’état de manière à prolonger les travaux engagés.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02021369 , version 1 (15-02-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02021369 , version 1

Citer

Laurent d'Agostino, Christophe Guffond, Evelyne Chauvin-Desfleurs, Liliana Ceci, Maud Chevalier. Programme européen AVER, Alcotra – Interreg IV. Les châteaux d’Allinges (Allinges, Haute-Savoie). Rapport final (2010-2012) : Rapport de fouille archéologique programmée. [Rapport de recherche] Hades archéologie; Conseil général de la Haute-Savoie. 2016. ⟨hal-02021369⟩
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