Centimorgans' stories. Genealogical practices of sperm donor conceived adults in England
Histoires de centimorgans. Pratiques généalogiques d'adultes conçu·e·s par don de sperme en Angleterre
Résumé
Sur un site de généalogie génétique, la page personnelle d’Alice, 37 ans, pointe vers un utilisateur désigné comme « proche parent ». C’est son demi-frère. À la fin des années 1970, ils ont tous deux été conçus grâce au don de sperme d’un même homme, en Angleterre. Ils sont en contact depuis quelques mois grâce au site. Lui ne connaissait pas son mode de conception avant de faire le test ADN, par curiosité. Alice, quant à elle, espérait trouver quelqu’un qui lui soit apparenté par son donneur depuis dix ans.
Ce récit n’est pas isolé depuis l’explosion du marché des auto-tests ADN. Ce nouveau moyen de compléter sa généalogie ouvre en effet la porte à des pratiques inédites, notamment pour les adultes conçus par assistance médicale à la procréation avec un donneur de sperme anonyme en Angleterre (avant 2005). Comme Alice, celles et ceux qui souhaitent trouver le donneur et/ou des personnes issues du même don y font de plus en plus recours. La communication s’appuiera sur une enquête par entretiens menée auprès d’adultes conçus par don de sperme en Angleterre (commencée en 2017 et encore en cours). Dans une perspective anthropologique, elle proposera une présentation des usages que les adultes conçus par don font de la généalogie et des pratiques qu’ils mettent en place dans leur contexte particulier. Il s'agira notamment de discuter de l'hypothèse posée par un certain nombre de travaux selon laquelle le recours à la généalogie génétique constituerait une forme de génétisation de l'identité.