De l’atelier au laboratoire - des échanges entre artisans et scientifiques mutuellement bénéfiques : Compte rendu du Symposium WoodSciCraft2014 & Présentation d’un projet sur le buis, de l’arbre à la facture instrumentale - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2014

De l’atelier au laboratoire - des échanges entre artisans et scientifiques mutuellement bénéfiques : Compte rendu du Symposium WoodSciCraft2014 & Présentation d’un projet sur le buis, de l’arbre à la facture instrumentale

Résumé

Alors que la science du bois est une discipline relativement jeune, l’artisanat du bois est lui porteur d’un patrimoine historique d’utilisation sans commune mesure. Les artisans qui travaillent le bois ont développé d’important savoirs sur cette matière, que ce soit à l’échelle de l’expérience acquise par un individu ou à l’échelle de l’histoire des techniques. L’originalité de la démarche proposée est d’apprendre des artisans des phénomènes complexes associés aux comportements et aux propriétés des bois qu’ils observent dans leurs ateliers et de les étudier en laboratoire. Mais aussi d’utiliser leurs connaissances empiriques -en d’autres termes leurs savoirs acquis par l’expérience- dans la sélection des bois et leurs mises en oeuvre. Néanmoins, afin que ces échanges se fassent de manières mutuellement bénéfiques le dialogue entre les scientifiques et les artisans doit se construire de manière raisonnée. L’apport des sciences humaines et sociales est ici primordial pour que les dialogues soient constructifs. Par exemple un ethnologue des techniques peut apporter la dimension sociétale à l’objet d’étude et par conséquent de définir le cadre dans lequel il se place. C’est dans ce contexte que le premier Symposium International WoodSciCraft 2014 « sciences et artisanats du bois : regards croisés entre Europe et Japon » c’est tenu en septembre dernier à Montpellier. Pendant 4 jours, dont chaque journée était focalisée sur un métier du travail du bois (de la charpente à la finition), ce symposium a rassemblé de l’ordre de 130 participants d’une quinzaine de pays différents. Avec 57 contributions de formats variés (des conférences de synthèses aux démonstrations de techniques artisanales) WoodSciCraft 2014 est un exemple en soi de la réussite d’un tel projet. L’audience était harmonieusement répartie entre les scientifiques de différents domaines et les artisans de différents métiers. La confrontation entre les cultures Occidentales et Japonaise a contribué à initier, renforcer et décloisonner les échanges entre les participants. Le Japon est en effet un pays emblématique pour sa forte culture du bois, tant dans le patrimoine et les artisanats que dans les sciences. La qualité des échanges lors de la première édition était telle que les échanges se poursuivront jusqu’à la deuxième édition de WoodSciCraft qui se tiendra au Japon. Dans le contexte précédemment décrit, le poster présente aussi un projet en cours sur le bois de buis de l’arbre à la facture instrumentale. L’origine de ce projet repose sur des échanges avec Bruno Salenson, un facteur d’instruments à vent dans le Sud de la France, qui travaille depuis longtemps cette essence emblématique, et qui non seulement a une forte expérience dans l’utilisation du buis mais aussi cherche à améliorer certains procédés de fabrication. Réputée pour le tournage et la qualité de ses finitions, le buis est aussi une essence difficile à mettre en oeuvre depuis le séchage jusqu’à l’instrument fini qui continue parfois de se déformer plusieurs jours après les étapes de finitions. D’un point de vue biomécanique c’est aussi une essence emblématique, notamment du fait qu’elle produit du bois de compression, très rarement associé aux feuillus. Compte tenu de la très faible quantité de données sur les propriétés des buis, ce projet qui fait l’objet d’un PostDoctorat, vise à caractériser les propriétés physico-mécaniques de deux espèces de buis classiquement utilisés en facture instrumentale (Buxus sempervirens et Buxus balearica) et à collecter auprès de facteurs d’instruments les connaissances empiriques développées à travers les usages de ces deux essences. L’un des enjeux est de fournir un jeu de données aussi complet que possible sur les propriétés mécaniques et physiques de ces deux essences, à partir du bois vert, mais aussi à partir de chûtes d’atelier de différentes qualités (selon le point de vue de l’artisan). Les propriétés qui seront mesurées sont : (i) l’estimation du profil interne des contraintes de croissances ainsi que (ii) les déformations de séchage à partir de bois vert. (iii) Les coefficients de la matrice d’élasticité (ultrasons par contact direct, essais de traction), ainsi que (iv) les propriétés dynamiques selon la direction longitudinale par vibration forcée de poutre libre (outil développé au sein du laboratoire, Vybris). (v) Les effets mecanosorptifs seront également estimés. Au final les perspectives de ce projet sont de caractériser par modélisation les phénomènes de déformations observés par les facteurs d’instrument (ovalisation de la section et fléchissement de l’instrument après libération des contraintes internes et du fait de la fluctuation de l’humidité lors de l’utilisation de l’instrument) et de mettre en évidence des solutions adaptées à un atelier pour relâcher les contraintes internes.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01986369 , version 1 (18-01-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01986369 , version 1

Citer

Pierre Cabrolier, Iris Brémaud. De l’atelier au laboratoire - des échanges entre artisans et scientifiques mutuellement bénéfiques : Compte rendu du Symposium WoodSciCraft2014 & Présentation d’un projet sur le buis, de l’arbre à la facture instrumentale. 3èmes Journées scientifiques du GDR 3544 « Sciences du bois », Nov 2014, Nancy, France. ⟨hal-01986369⟩
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