Pratiques agraires et terroir de montagne : regard archéobotanique sur Montaillou (Ariège) au XIIIe siècle
Résumé
The excavated part of the castle area of Montaillou (alt. 1354 m) (archaeologist in charge J. P. Cazes) provided a large quantity of carbonized seed remains that date back to the XIIth-XIIIth centuries. They allow an intimate knowledge of the terroir and the farming practises of the people who lived there one hundred years before those subjected to the interrogations recorded in the registry of the Inquisition. Carpological deposits formed the occupation levels of a privileged habitat (fillings of pits, hearths and floors), others a thick layer outdoors. The 19 cultivated or picked plants and the 86 wild plants are evidence of a polyculture varying according to altitude. Oat and barley dominate in waste. Wheat, rye, vetch, pea, lentil and, to a lesser extent, nuts and some other picked fruit, flax, hemp and spinach come next. Blocks of hay and straw mixed with fir foliage may represent fodder or bedding. Besides the complementary aspects of several medieval or more recent sources, the paper examines the possibility of reconstructing the territory, cereal crop processing and local farming techniques.
La zone castrale fouillée du site de Montaillou (alt. 1354 m) (resp. J.-P. Cazes) a livré une grande quantité de vestiges carpologiques carbonisés, datés du XIIIe siècle. Ils permettent d’appréhender le terroir et les pratiques agro-pastorales des habitants ayant vécu un siècle avant ceux soumis aux interrogatoires consignés dans le Registre d’Inquisition de Jacques Fournier. Les dépôts carpologiques constituaient les niveaux d’occupation d’un habitat privilégié (comblements de fosses, foyer et sol), d’autres formaient un épais épandage à l’extérieur. Les 19 plantes cultivées/ cueillies et 86 plantes sauvages témoignent d’une polyculture étagée. L’avoine et l’orge dominent dans les déchets. Elles sont secondées par le froment, le seigle, la vesce, le pois, la lentille et, de façon ténue, les noix et d’autres fruits cueillis, le lin, le chanvre et l’épinard. Des blocs de pailles et de foin mêlés à des feuillages de sapin représenteraient des fourrages ou des litières. Outre la complémentarité de plusieurs sources, médiévales et plus récentes, la discussion examine la possibilité de restitution du terroir, des traitements post-messicoles et des techniques de l’agriculture locale.