La qualité de l’alimentation contribue-t-elle à expliquer les différences socioéconomiques de la prévalence du syndrome métabolique dans les Antilles Françaises ?
Résumé
Introduction et but de l’étude : L’obésité et les maladies chroniques représentent des problèmes de santé majeurs dans les Antilles françaises où une grande partie de la population est précaire. Pourtant, les inégalités socioéconomiques des maladies chroniques y sont peu explorées et la contribution de la qualité de l’alimentation pouvant expliquer ces inégalités n’a jamais été évaluée. Nous avons donc étudié les associations entre les indicateurs de statut socioéconomique et la prévalence du syndrome métabolique (MetS) dans les Antilles Françaises et l’effet médiateur de la qualité de l’alimentation.
Matériel et méthodes : Les apports alimentaires ont été estimés par des rappels de 24h chez 1144 participants (≥16 ans) inclus dans l’étude Kannari, enquête à visée représentative de la population générale résidant en Guadeloupe et Martinique. La qualité de l’alimentation a été évaluée par le « Diet Quality Index-International » (DQI-I) [de 0 à 100 points]. La prévalence du MetS a été estimée selon les critères du Joint Interim Statement, à partir de mesures biologiques et anthropométriques. Les associations entre les indicateurs de position socioéconomique (niveau d’éducation, être allocataire d’une aide sociale, situation par rapport à l’emploi, foyer avec enfants, famille monoparentale) et la prévalence du MetS, ainsi que l’effet médiateur de la qualité de l’alimentation ont été évalués grâce à des régressions logistiques multivariables, ajustées sur le département (Guadeloupe ou Martinique), le sexe, l’âge et l’indice de masse corporelle.
Résultats et Analyse statistique : Les prévalences du MetS chez les Guadeloupéens et les Martiniquais étaient de 18% et 28% respectivement. Les participants ayant un niveau d’éducation primaire ou secondaire (ORprimaire vs. ≥bac = 1,9 ; IC95% = [1,0 - 3,6] et ORsecondaire vs. ≥bac = 2,7 ; IC95% = [1,4 - 5,1]) et les allocataires d’une aide sociale (OR = 2,2 ; IC95% = [1,1 – 4,2]) présentaient un risque plus élevé de MetS comparés aux participants de niveau d’éducation supérieur et aux non-allocataires. La qualité de l’alimentation expliquait 11 % de la variation du risque de MetS dû au niveau d’éducation et seulement 2 % de la variation dû au fait d’être allocataire d’aide sociale.
Conclusion : La qualité de l’alimentation contribue peu à expliquer les inégalités socioéconomiques du MetS observées en Guadeloupe et Martinique. L’étude de l’influence d’autres facteurs du mode de vie (tabagisme, alcool, activité physique) est nécessaire pour mieux comprendre les mécanismes des inégalités socioéconomiques de santé et ainsi guider les actions de santé publique futures.
Conflits d’intérêts : Aucun conflit à déclarer
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
Loading...