Grammaticalisations possibles et contraintes typologiques : le cas du basque - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2018

Grammaticalisations possibles et contraintes typologiques : le cas du basque

Résumé

Introduction On trouve assez peu d’études sur la grammaticalisation en basque, et avec des acceptions distinctes du terme grammaticalisation. La définition de Traugott 1996 insiste sur la diversité des contraintes (morphosyntaxiques, pragmatiques » pesant sur le « matériau lexical » (et non les « unités » ou les « mots » : Traugott (1996 : 183) : « Grammaticalization […] is that subset of linguistic changes whereby lexical material in highly constrained pragmatic and morphosyntactic contexts becomes grammatical, and grammatical material becomes more grammatical ». Cette définition contient en germe tous les débats bien connus comme celui sur l’unidirectionnalité, et surtout la fragmentation ancienne et actuelle du domaine entre différents processus considérés selon les approches comme des composantes ou des partenaires de la grammaticalisation : la morphématisation de lexèmes (Honeste 2005), qui s’articule avec les notions de dématérialisation et de subduction dans le cadre de la psychomécanique du langage de Guillaume ; la constructionnalisation par émergence de constructions incluant des lexèmes grammématisés (Traugott et Trousdale 2013), la pragmaticalisation (Diewald 2011), la cooptation (Heine 2013), et dernièrement la syntaxalisation (Mélac 2015). A cela s’ajoute le fait que le terme grammaticalisation est souvent utilisé pour parler de l’insertion dans les systèmes de langues d’un domaine d’expression formalisé par un système grammatical, comme le fait Rebuschi (1981) pour l’allocutivité en basque (et à sa suite Bottineau et Roulland 2007b) ; on emploiera ici le terme de morphémisation (Wittwer 1997) employé dans une perspective systémique et synchronique, à distinguer de la morphématisation (processus diachronique). Il se trouve que le basque, pour des raisons typologiques, se prête plus ou moins à ces différents processus, raison pour laquelle on a intitulé cette étude « les grammaticalisations possibles » sélectionnées par les propriétés typologiques du basque. De manière non exhaustive, on trouve donc : - la morphématisation de verbes en auxiliaires (Mounole 2006, 2009) et en diverses particules (ari « agir » → particule du progressif) - la dématérialisation de certains noms (buru « tête », buruz « à propos de », bere buru « sa tête » ou périphrase des énoncés réfléchis) et du numéral bat « un » en article indéfini ; - la morphématisation de certains noms dans le contexte d’une constructionnalisation : etxearen barnean ‘à l’intérieur de la maison’ → etxe barnean ‘à l’intérieur maison’ → etxe barne ‘intérieur maison’ (où barne lexical en finit par jouer le rôle d’une postposition inessive) ; - la syntaxalisation de certains verbes dits impersonnels, munis d’un régime valenciel propre et contrevenant avec les principes encadrant la structuration de la proposition basque avec l’accord multiple ; - la pragmaticalisation ou cooptation de certains conjonctions de coordination comme eta « et », edo / ala « ou », baina « mais » en position finale (Bottineau et Roulland 2007c), , comme on l’observe avec but en anglais (Hancil 2014), oder « ou » en allemand parlé, aber en bavarois, però en italien, mais en bas-normand (Bottineau, étude en cours). - la grammaticalisation comme inscription grammaticale de l’expression de certaines notions, ou morphémisation (Wittwer 1997, comme la spécification de l’allocutaire par son sexe biologique (et non son « genre ») dans la conjugaison agglutinante du verbe ou de l’auxiliaire (Rebuschi 1981, Bottineau et Roulland 2007b, Antonov 2013) ; il serait plus judicieux de parler ici de morphématisation. La disparité de ces emplois reflète implicitement le fait que le basque se prête assez peu à la grammaticalisation dans ses acceptions classiques de morphématisation et dématérialisation. On commence par exposer les traits typologiques du basque qui délimitent les implantations possibles de la grammaticalisation (section 1) avant de détailler l’inscription de noms dans des locutions postpositionnelles complexes (section 2), la question de l’auxiliarité et de la valence dans le groupe verbal (section 3), la morphémisation sexuée de l’allocutaire dans la conjugaison allocutive et l’emploi de certaines particules (section 4).

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hal-01818526 , version 1 (19-06-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01818526 , version 1

Citer

Didier Bottineau. Grammaticalisations possibles et contraintes typologiques : le cas du basque. Sylvie Hancil. Fonctionnements linguistiques et grammaticalisation, Lambert-Lucas, pp.81-99, 2018, 978-2-35935-210-8. ⟨hal-01818526⟩
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