« Avant propos », R. Gyselen (ed.), Prix, salaires, poids et mesures [Res Orientales, II], 1990, p. 5-6.
Résumé
L'invention de la "monnaie" est un phénomène qui s'est produit relativement tard dans l'histoire du Moyen-0rient; cela n'empêche qu'auparavant les sociétés anciennes en Mésopotamie et en Phénicie connaissaient des systèmes métrologiques bien précis leur permettant de gérer des échanges de diffé-rents types. C'est en particulier les poids qui ont joué ce rôle puisqu'ils permettaient de peser les métaux précieux, et d'autres marchandises et leurs étalons servaient de référence pour définir le montant des prix, des salaires, des taxes, …Ces poids ont été fabriqués dans des matériaux très divers (métaux, pierres semi-précieuses, terre cuite. ...) et se présentent également sous des formes très variées : en Mésopotamie ils ont souvent l'aspect d'un " grain " ou d'un anneau, mais ils peuvent aussi représenter un animal; à Ougarit on les a préférés en forme d' " olive " ou de " dôme ". Une grande partie de ces poids portent des inscriptions qui mentionnent sa valeur; on pourrait en déduire qu'il doit être facile d'établir à partir d'une telle documentation le système métrologique sous-jacent puisqu'on peut confronter les indications épigraphiques au poids réel de ces objets. Qu'en réalité la correspondance entre ces deux types de données n'est pas si évidente est bien illus-trée par l'article de T.C. MITCHELL qui étudie pourtant un ensemble très homogène de poids qui avait toutes les chances de fournir un résultat non équivoque quant à la définition de l'étalon; néanmoins les seize poids en forme de lion s'étalant au maximum sur une cinquantaine d'années (± 744-681) et dont la majorité porte des inscriptions en akkadien, et parfois en araméen, n'apportent aucune réponse uni-voque mais impliquent l'existence de plusieurs systèmes. S'appuyant également sur les objets eux-mêmes, mais alors en nombre important puisque le catalogue qui sous-tend son étude comprend plus que 1770 entrées, S. KARWIESE propose une approche très audacieuse de la métrologie mésopotamienne. Il part de l'idée que s'il existe des normes métrolo-giques différentes, celles-ci doivent remonter aux plus anciens standards de poids, qui étaient établis sur des valeurs diverses comme le grain de l'orge ou celui du blé, ou encore la mesure d'huile ou de miel. A l'aide des poids portant la mention de leur valeur, l'auteur a, à l'encontre de toutes les études anté-rieures, établi l'existence de huit, sinon neuf différentes normes métrologiques, dans lesquelles les diffé-rents étalons mésopotamiens (se, gin-tur, manu-tur, šiqlu. manu et biltu) ont chaque fois une autre va-leur. A partir de ces constatations tous les autres poids, non-inscrits, ont également été intégrés dans l'un ou l'autre système pondéral. Une analyse minutieuse de tous ces objets par rapport à la métrologie, leur répartition géographique et leur attribution chronologique est fournie et semble bien impliquer que dans tous les grands centres mésopotamiens différents systèmes métrologiques existaient parallèle-ment et cela sur une période de presque deux millénaires. Une étude analogue est envisagée par J.-Cl. COURTOIS pour les poids d'Ougarit, sur la côte méditer-ranéenne de la Syrie, qui en propose ici un premier aperçu. Cette documentation homogène du point de vue chronologique (XIV e – XllI e siècles av.n.ère) et géographique atteste qu'à Ougarit aussi divers sys-tèmes pondéraux avaient cours: celui d'Ougarit lui-même, mais aussi les systèmes mésopotamien ou
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)