Ouzbékistan, le paradoxe de l’enracinement rural - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Espace Populations Sociétés Année : 2007

Ouzbékistan, le paradoxe de l’enracinement rural

Alain Cariou

Résumé

Modern Uzbekistan is a land where space and society are still structured by rural way of life. For the past two decades, the Uzbek rural population kept growing to reach more than 60% of the total population today. This evolution goes against the global tendency and can be explained by multiple factors. During the Soviet planning era, Uzbekistan was assigned the function of a peripheral cotton-producing country and the Uzbek population was constrained to an agricultural way of life. Nowadays, as an independent country, Uzbekistan has not invalidated this rural orientation but aims now at controlling the migratory patterns of its own population to prevent rural exodus. By keeping a rural exodus down to almost nought, the Uzbek regime intends to preserve its indispensable and providential cotton production and wants to avoid the rushing of millions of peasants without lands towards the cities. But the inertia of rural population dynamics can also be explained by the identity values that people traditionally assign to life in villages. This tendency leads to the aggravation of the population overload in rural areas, where tensions for water and land build up. The multiplication of local conflicts and the outline of new clandestine migratory fluxes toward Russia are the signs of an overcrowded world.
L’Ouzbékistan contemporain se présente comme un monde où les campagnes structurent encore l’espace et la société. Non seulement la population du pays est rurale à plus de 60 % mais cette ruralité n’a cessé de se renforcer depuis deux décennies. Le paradoxe de cette évolution à contresens de la tendance mondiale s’explique par plusieurs facteurs. En raison du statut de périphérie agricole cotonnière que lui avait conféré la planification soviétique, la population a été fixée de manière coercitive à la terre. Or cette politique n’a pas été remise en cause par l’Ouzbékistan indépendant qui exerce un contrôle strict sur sa population. L’exode rural reste donc aujourd’hui pratiquement inexistant car le régime ouzbek entend préserver son indispensable manne cotonnière et redoute la déferlante de millions de paysans sans terre vers les villes. Mais cette inertie du mode de peuplement rural s’explique aussi par les valeurs identitaires que les populations accordent au village. Cette situation ne fait qu’aggraver la surcharge des espaces ruraux où les tensions pour l’eau et la terre s’exacerbent. La multiplication des émeutes ainsi que l’esquisse de nouveaux flux migratoires clandestins en direction de la Russie sont les signes d’un monde trop plein.

Dates et versions

hal-01534106 , version 1 (07-06-2017)

Identifiants

Citer

Alain Cariou. Ouzbékistan, le paradoxe de l’enracinement rural. Espace Populations Sociétés, 2007, Les populations d'Asie centrales, 2007/1 (n°1), pp. 101-112. ⟨10.4000/eps.2018⟩. ⟨hal-01534106⟩
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