De la carte stéréographique à la vidéo numérique, via le vertige du cinématographe.
Résumé
Depuis 1999, Ken Jacobs, l'un des cinéastes « d'expérimentation » les plus passionnants de la deuxième moitié du XX e siècle, se consacre à une recherche unique et prodigieusement novatrice avec les moyens numériques, laquelle donne lieu à une production foisonnante et malheureusement assez méconnue. Parmi les très nombreux films qu'a réalisés le cinéaste ces quinze dernières années, nous pouvons distinguer en gros trois grandes tendances, ou « séries » : la première comprend les films faits à partir du remploi de photographies stéréoscopiques du début du XX e siècle ; la deuxième, ceux faits à partir de photos personnelles, de famille ou autres ; la troisième correspond à des « rééditions » de performances préalablement créées par lui. Un aspect relie pourtant les trois groupes : la reprise (et adaptation) du principe d'Eternalism. Ce procédé, qui se trouve au coeur de ses performances Nervous System depuis les années 80, et qu'il fera breveter, consiste en un affichage rapide et alterné de deux images presque identiques, intercalé avec des moments de noir, visant à provoquer l'illusion de la troisième dimension tout en créant un « mouvement maintenu ». Invention suprême, le procédé s'avère également un concept, qui vient nouer les principales préoccupations (et obsessions) du cinéaste, notamment avec la perception.
Domaines
Art et histoire de l'art
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)