“Crossing the Voice, Crisscrossing the Text: Writing at the Intersection of Prose and Poetry in Sylvia Plath’s ‘Sunday at the Mintons.’”
Résumé
Feignant d’opposer trait pour trait l’homme insipide, énamouré des cartes et des calculs à la vieille fille rêveuse et imprévisible, « Sunday at the Mintons’ », nouvelle de jeunesse de Sylvia Plath, tire parti de la géométrie instable du texte entre l’horizontalité de la prose et la verticalité ludique de la poésie pour brouiller les coordonnées de la lecture. En spatialisant les tensions entre genres/gender, « Sunday at the Mintons’ » met la nouvelle à l’épreuve de la défaisance de la catégorie, au nez et à la barbe des personnages eux-mêmes. Car le gloussement inarticulé d’Elizabeth Minton, qui constitue la première fin du roman, est grotesque plus que sublime ; si la vieille fille rêveuse prend sa revanche et force l’homme linéaire et par trop prosaïque qu’est Henry à couler par le fond, Elizabeth risque bien d’en être pour ses frais, qui se condamne elle- même à être expulsée du récit, happée par les nuages, les merveilleux nuages. Le texte, pourtant, se reprend, délaisse les divagations a-référentielles, raboute le mot et la chose, Elizabeth au bras de son frère, et abandonne l’extase poétique pour une clôture romanesque bien terre-à-terre. Mais tout ne rentre pas dans l’ordre à la fin de « Sunday at the Mintons’ ». La voix qui émerge à l’intersection de ces récritures burlesques ne tient pas en place, et semble invalider d’emblée la possibilité d’une résolution heureuse du masculin et du féminin ; quelque chose continue d’inquiéter le texte par-delà sa clôture et relance la quête d’une écriture enfin libre de vaguer hors des contraintes de la binarité.