La naissance d'un philosophe
Résumé
Meyerson, autodiacte en philosophie, construit son « système » brique à brique, pendant près de vingt ans à travers ses lectures. Sans guide, il trace son chemin en lisant, se nourrissant de travaux disparates, glanés de-ci de-là dans les bibliothèques. Il amasse des fiches, dans la solitude, sans avoir l’opportunité de discuter. Privé de l’expérience d’argumentation que tout étudiant en philosophie acquiert – ne serait-ce qu’à travers les épreuves de dissertation – Meyerson accumule une érudition hors du commun, mais sans pouvoir faire l’épreuve décisive de l’échange d’arguments, du dialogue maïeutique ou polémique. En 1908, il « accouche » d’une œuvre engendrée par des années de lectures solitaires, dans le for privé d’un dialogue muet avec des auteurs.
Meyerson offre ainsi un exemple original – peut-être unique au XXe siècle – de construction d’une œuvre philosophique sans formation universitaire. Pour comprendre sa genèse, il faut renoncer à la métaphore architecturale qui suppose un plan directeur pour tenter de démêler les fils qui tissent une sorte de tapisserie . Quels sont les motifs qui composent cette tapisserie, comment sont-ils agencés ? En remontant au passé chimique de Meyerson, on peut tenter de renouer les fils.
Ce chapitre retrace quelques étapes marquantes de la gestation d’Identité et réalité, depuis les premiers essais de Meyerson sur quelques obscurs épisodes d’un lointain passé chimique jusqu’à l’articulation d’une posture philosophique originale. Il raconte ensuite le triomphe et la jubilation de l’auteur acclamé, encensé par des philosophes bien assis dans leur chaire.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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