Peut-on écrire l'accent marseillais ? Analyse sociolinguistique de l'oral stylisé dans un corpus de littérature contemporaine - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Travaux Interdisciplinaires sur la Parole et le Langage Année : 2013

Peut-on écrire l'accent marseillais ? Analyse sociolinguistique de l'oral stylisé dans un corpus de littérature contemporaine

Résumé

La représentation écrite de formes (soi disant) orales ou non standard n'est pas chose rare : pour caractériser un idiolecte, un sociolecte ou un régiolecte, de nombreux écrivains ont, depuis des siècles (que l'on songe aux paysans de Molière), tenté d'inventer ou de « bricoler » des graphies. Après les tentatives naturalistes du XIXe siècle (Zola, Maupassant), on a en tête de célèbres textes aux graphies « oralisantes » comme ceux de Céline, de Queneau ou de Prévert. Appelé mimologie (Genette 1976), mise en scène scripturale (Siblot 1991), eye dialect (Apte 1994) ou oral stylisé (Kawaguchi 2012), ce procédé instable intéresse les linguistes sur de nombreux plans (Blanche-Benveniste et Jeanjean ; Blanche-Benveniste 1997), aussi pour l'étude de la langue en diachronie que pour l'analyse sociolinguistique des variations en synchronie. Sensible aux relations complexes entre oral et écrit, F. Gadet (2003 : 29) pense qu'« [i]l y a un travail à faire sur les marques et les stéréotypes graphiques du populaire dans différentes langues », car le phénomène n'est évidemment pas restreint au français. C'est ce que propose le présent texte en se focalisant sur les tentatives de représentations écrites du français de Marseille et leur lien avec le français parlé localement. Depuis les années 1990, le renouveau culturel marseillais a été marqué par une abondante production littéraire (et différents genres : polar, récits, nouvelles, théâtre, BD…) dans laquelle on retrouve des représentations écrites de la variété locale, pour laquelle on dispose de descriptions relativement récentes. Le corpus constitué par cette littérature sera ainsi analysé en vue d'étudier les liens entre les procédés utilisés et la réalité du français parlé à Marseille. Pour ce faire, le corpus littéraire sera comparé à un large corpus d'entretiens et de conversations constitué depuis les années 2000. Au delà des pratiques habituelles des romanciers qui, en vue d'un « effet de réel » (Barthes), ponctuent leurs parties dialoguées de marques oralisantes (i.e. « les zélus », « ché pas »), il s'agira de voir ce que les écrivains sélectionnent comme marqueurs de l'oralité locale, de confronter ces procédés aux usages réels et d'analyser leur signification sociolinguistique. On étudiera des marqueurs traditionnels et stéréotypés de la « méridionalité » (comme le –g final censé marqué l'appendice consonantique vélaire, dans putaing, paing), mais aussi des « bricolages » plus fins censés représenter des phénomènes récents du français de Marseille, comme la palatalisation dans des formes comme tié ou tch'yes (« tu es »). Dans une perspective sociolinguistique, il s'agira de se demander dans quelle mesure les écrivains, à travers les procédés variables qu'ils utilisent pour styliser l'écrit avec des marques « orales », peuvent rendre compte de changements émergents et socialement significatifs dans le français de Marseille.

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01486700 , version 1 (10-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01486700 , version 1

Citer

Médéric Gasquet-Cyrus. Peut-on écrire l'accent marseillais ? Analyse sociolinguistique de l'oral stylisé dans un corpus de littérature contemporaine. Travaux Interdisciplinaires sur la Parole et le Langage, 2013, 29, non paginé. ⟨hal-01486700⟩
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