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Chapitre D'ouvrage Année : 2016

Les étudiants étrangers. Des trajectoires spécifiques ?

Résumé

A écouter les discours politiques, la mobilité internationale est favorisée par les états, elle constitue une richesse tant pour lespays de départ que d'arrivée. La promotion de ces politiques est faite à grand bruit 1 , même si quelques distorsions surgissent ici ou là, quand la Grande Bretagne fait payer le prix fort aux étudiants étrangers, par exemple. En France, Campus France est censé faire connaître l'enseignement supérieur à l'étranger, il régule les flux, construit des filtres (niveau académique, projet, langue, moyens financiers...) et donne le sésame sur des critères plus ou moins drastiques. En parallèle, les données sur les mobilités sont parcellaires, qu'elles viennent des organisations internationales (OCDE, UNESCO, par exemple), des pays de départ ou d'accueil. Elles se recouvrent difficilement (Paul, 2008). Elles laissent vierges des pans entiers de l'information et de nombreuses interrogations sur ces mobilités internationales et les trajectoires qu'elles suscitent, subsistent. Quelques travaux cependant abordent les questions de catégorisation et de classement des populations en mobilité. Par exemple, A. Vinokur remarque que les étudiants ne sont jamais intégrés aux populations migrantes dans les données internationales (Vinokur, 2008) même s'ils abondent les marchés du travail des Employés Hautement Qualifiésaprès leurs études. Les migrations sont plus complexes que binaires, une première mobilité en entraine souvent une autre et elles sont aujourd'hui moins unidirectionnelles (Mazella, 2009, 2014). Des chercheurs distinguent des étudiants étrangers et des étudiants internationaux(Xavier de Brito, 2002, Bel, 2009, Erlich, 2012), les seconds appartiendraient à une élite internationale, les études n'étant pour eux qu'un premier pas vers des carrières internationales, les premiers étant plus contraints par leurs ressources tant financières que culturelles. Les enquêtes de la Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance(DEPP-MEN) et de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) distinguent des étudiants en mobilité et des étudiants étrangers résidents, le clivage est difficile à établir autant pour les étudiants que pour les observateurs, ilinvite à s'interroger et suscite des tris complémentaires pour tenter decomprendre les caractéristiques des étudiants, ce que nous tenterons dans cet article (Coulon et Paivandi, 2003, Ennafaa et Paivandi, 2008b). Ce clivage peut être plus ou moins ténu : des étudiants venus pour études se déclareront mobiles, des étudiants venus pour un emploi de lecteurs en langue dans le secondaire ou pour un stage et qui prolongent leur séjour par une inscription dans l'enseignement supérieur auront tendance à se définir comme résident, mais d'autres ayant accompli plus tôt une mobilité se déclareront également résident. On peut encore rappeler qu'il faut différencier les jeunes inscrits dans un programme (court ou long) de ceux venus de leur propre initiative ou ayant suivi leur famille ou un conjoint. Il est bien difficile d'unifier dans une même catégorie des individus dont les trajectoires sont variées et éclectiques. Enfin l'UNESCO en 1999 donne cette définition de l'étudiant étranger : « c'est une personne inscrite dans un établissement d'enseignement supérieur d'un pays ou d'un territoire où elle n'a pas sa résidence permanente ». Au-delà de cette définition très ouverte, voire consensuelle, rappelons à la suite de Paivandi et Ennafaa (2008) que ces migrations peuvent suivre des logiques différenciées :-migratoire renvoyant à une stratégie d'implantation,-1 Les quotidiens, le Monde, le Figaro, se font l'écho des préconisations des gouvernements comme des données sur la croissance de ces mobilités internationales. Les sites du Ministère des Affaires Etrangères, de Campus France ou de l'Agence universitaire de la francophonie mettent également en exergue cette volonté politique favorable à l'économie internationale comme au développement culturel et social : « N'oublions pas enfin que la France est passée du 5e au 3e rang des pays les plus attractifs pour les jeunes diplômés à l'échelle mondiale (source OCDE) : si 80 000 étudiants français partent chaque année à l'étranger pour consolider leur parcours, il faut aussi retenir que notre pays accueille chaque année 290 000 diplômés étrangers, soit plus de trois fois plus. Près de 95 % des étudiants plébiscitent la France pour la qualité de sa formation. »
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Dates et versions

hal-01455128 , version 1 (03-02-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01455128 , version 1

Citer

Catherine Agulhon, Ridha Ennafaa. Les étudiants étrangers. Des trajectoires spécifiques ?. Les vies étudiantes. Tendances et inégalités, La Documentation française, 2016, 978-2-11-010267-6. ⟨hal-01455128⟩
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