Espace de variabilité, dimension du paraître et dynamique des acteurs
Résumé
Quatre thèmes nervurent ce texte
1) Le changement linguistique saisi non pas au point d’aboutissement d’une évolution, mais au moment de la confrontation à un usage nouveau. Cela suppose une distance envers les faits de langue et un intérêt pour l’étude des normes. Dès lors la recherche peut se focaliser non plus sur des ‘locuteurs’ – simples machines à produire du discours analysé au titre de la ‘langue’ – mais sur des ‘acteurs’ qui, consciemment ou non, vont construire des signes. D’où un intérêt non seulement pour leur activité (qui a toujours été reconnue), mais aussi pour leur activisme (qui n’a jamais été théorisé).
2) Quel rôle jouent les « phénomènes de mode » perçus avec tant d’acuité par les locuteurs au moment de leur émergence ? Leur saisie n’est-elle pas à double tranchant ? Ne risque-t-on pas de les réifier? Y aurait-il lieu de (sup)poser une « marginalité de la mode » ? Mais par rapport à quelle centralité ? Que penser d’une marginalité qui est essentielle à ce que les acteurs perçoivent dans l’échange communicationnel ?… De la mode à la norme, quelle est la différence ? Peut-être faut-il envisager que ces phénomènes ne soient ni marginaux, ni essentiels : ne sont-ils pas tout simplement une nécessité de l’ancrage des acteurs dans leur communication et dans la construction du sens, linguistique ou non ?
3) Comment peut-on penser ce « mimétisme » qui se joue dans le langage ? Le terme “mimétisme” aurait-il cette particularité d’expliquer le changement linguistique par l’énoncé (la considération) de sa vertu ? Qu’est-ce que « reconnaître » un mimétisme sinon constater une dynamique sans l’analyser ? L’objectif est peut-être de penser le changement linguistique comme la résultante de l’activité et de l’activisme des acteurs dans leur procès ordinaire de communication à travers une modalité particulière que j’appelle ici la « modalité du paraître ».
4) La relation singulière aux formes langagières telles que celles-ci sont perçues dans la bouche d’autrui puis adoptées. Comment donner corps et cadre théorique à la relation singulière que les acteurs (et non des locuteurs) ont avec les formes langagières sans s’intéresser à leur place au sein du procès global de la communication ?